L'histoire :
1753, Ruffec. Le prince de Conti, cousin du roi Louis XV, et le comte de Broglie s’entretiennent sur une affaire de la plus haute importance : la création des premier services secrets du Royaume de France, ordonnée par Sa Majesté elle-même. Durant leurs discussions, le regard du prince s’attarde sur Charles d’Eon, fils d’un nobliau tombé en disgrâce et désormais sous la protection de Broglie. Un jeune homme brillant, aussi bien pour le maniement de la langue que pour celui des armes, un homme aux traits étrangement androgynes... Plus tard, à Versailles, Conti propose au jeune d’Eon d’intégrer son cabinet noir nouvellement créé : le « Secret du roi ». Pour la mission qu’il veut lui confier, le chevalier d’Eon constitue le candidat idéal, tant par ses talents que par ses traits. En effet, il devra se faire passer... pour une femme !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les nombreux personnages historiques qui ont marqué le souvenir populaire, nul doute que le chevalier d’Eon tient une place à part. Véritable caméléon, avec un goût prononcé pour le travestissement, l’homme a joué un rôle important dans la diplomatie parallèle sous l’égide de Louis XV, tout en restant un amoureux de la bonne chère. Pour ce premier tome des aventures du Chevalier d’Eon, l’équipe créative composé des scénaristes Arnaud Delalande et Simona Mogavino prennent le parti de la réalité historique en mettant en avant l’ascension du jeune Charles d’Eon vers des hautes fonctions, sous la houlette du prince de Conti. Ainsi, loin de jouer sur l’ambiguïté de l’identité sexuelle du chevalier d’Eon (c’est un homme et non une femme), les éléments narratifs de l’œuvre vont se concentrer sur les tractations politiques et les complots à l’échelle de l’Europe. Ainsi, durant sa mission en Russie pour rallier l’empire d’Elisabeth à la France, Charles d’Eon, devenu pour l’occasion mademoiselle Auguste, doit infiltrer la cour de Russie, afin de sceller une alliance contre le royaume d’Angleterre. Bien sûr, la bande-dessinée laisse libre court à des intrigues secondaires romancées (le complot au sein de la cour de Russie, l’attirance du prince de Conti pour Charles d’Eon, etc.) qui permettent de happer le lectorat dans les ambiances singulières du XVIIIème siècle. Du côté des illustrations, Alessio Lapo réussit parfaitement à reconstituer les éléments historiques de l’époque (les costumes, l’architecture...) et amène pas mal de relief au scénario écrit à quatre mains par le tandem Delalande et Mogavino. On sent que l’équipe créative a fait de nombreuses recherches sur cette période de l’histoire. Et force est de constater que le rendu visuel n’en est que meilleur. Au final, ce premier tome des aventures du Chevalier d’Eon se lit avec beaucoup de plaisir et permet au lecteur de découvrir l’univers de l’espionnage au XVIIIème siècle et ses nombreuses intrigues politiques en suivant l’un des personnages les plus ambigus de l’histoire de France. Vivement le tome 2 !