L'histoire :
Un jour, la Lune s’est désagrégée. Un énorme croissant est tombé sur la centrale nucléaire, engendrant pluies radioactives, mutations animales, végétales et humaines. La ville, c’est Tchernobourg. Et celui qui croyait que c’était un cauchemar, n’est en fait qu’une des pauvres créatures engendrées par la catastrophe. « Poulpe empathique », lorsque l’un de ses tentacules se pose sur l’épaule de son voisin, celui-ci se met à se confesser. L’homme poulpe s’est de lui-même baptisé « Père Irradieu », s’est installé dans une église et se consacre à temps plein à son sacerdoce. Il nous raconte ses histoires les plus marquantes, les plus terribles, les plus tragiques. C’est d’abord l’histoire de madame Génuflexion, dont la fille était née limace et à qui elle avait toujours essayé de le cacher. Puis c’est au tour de ce SDF, monsieur Annonciation, qui était cadre dans une grande entreprise mais qui, pour son malheur, a vu ses mains se transformer en… araignées ! Pui c’est au tour de cet ancien major qui, armé jusqu’aux dents, arpente les rues de Tchernobourg pour éradiquer les mutants, et notamment le Totem, mutant mythique censé créer des mutatis par la force de ses rêves…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le monde de Foerster est toujours onirique, inquiétant. Il est toujours bourré de références, plein d’humour. Il est aussi sans concession et sans illusions sur la nature humaine. Après plus de 20 ans à Fluide Glacial, son humour est toujours aussi décapant. On pense tout de suite à Franquin et à ses Idées noires, mais Foerster est cent fois plus trash. Un côté dégueu assumé, puisqu’il situe toujours ses histoires dans le décalé, le fantastique. Et s’il ne publie plus au mois-par-mois, il montre avec Le confesseur sauvage qu’il aime toujours les histoires courtes. Et les antihéros. Le père Irradieu est un pauvre bougre, moitié clodo, qui, en plus d’être à moitié poulpe, doit en plus se taper les histoires d’une tristesse à se suicider des quidams qu’il croise au hasard de ses balades. Il appelle ça un don, on penserait plutôt à une double malédiction. Le dessin est précis mais les personnages sont toujours plus ou moins difformes, même ceux qui ne sont pas affligés. L’atmosphère est prenante, pesante même. On entre très facilement dans l’histoire, comme happé, même si ce n’est pas de gaieté de cœur. Foerster dessine en noir et blanc, ce qui, pour sûr, ajoute au tableau et à la noirceur des histoires. Il y ajoute une touche de couleur différente à chaque histoire, un pastel très léger qui, finalement, renforce encore la noirceur des histoires. Et alors ? Ben alors c’est prenant, c’est noir, ça soulève le cœur et c’est hypnotique. On ne peut pas le lâcher, on est ballotté entre la légèreté du propos et la noirceur de l’histoire et du dessin, hiatus qui est une marque de fabrique de l’auteur. Au final, c’est clair qu’il faut être un client pour apprécier cet album. Les aficionados adoreront, c’est un excellent Foerster, à la fois triste, dur, passionnant et amusant à la fois.