L'histoire :
Dans le Paris de 2040, il n'y a plus de livres. En tout cas, ils sont interdits depuis que le pouvoir est tombé entre les mains des géants du numérique. Leur projet fou a transformé la société en une foule de consommateurs de loisirs numériques, enfermés derrière leurs lunettes de réalité virtuelle. La pandémie a favorisé la soumission des individus, l'air extérieur est devenu irrespirable sans masque, le couvre-feu interdit tout lien social... Jean et Daya souffrent de cette situation. Ils se sentent impuissants et cherchent juste à protéger leur fille Heliade. Mais lors d'une sortie dans un centre commercial, la gamine disparait. Cet enlèvement d'enfant « de plus » va probablement alimenter les chaînes d'information en continue, que tous les foyers sont contraints de regarder en boucle. Pourtant, derrière la mystérieuse disparition d'Heliade, et passé le premier moment de panique des parents, il y a peut-être un espoir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce récit d'anticipation est construit autour de l'amour du livre, de la passion des auteurs, des pages qu'on tourne et de l'héritage qui traverse le temps. C'est ce qu'a voulu construire François Durpaire, universitaire de son état et consultant régulier des chaines de télévision, en racontant cette folie extrême qui résulterait de l'emprise totale du numérique sur la culture, l'éducation, les liens sociaux. Il y parvient pour ce qui est de l'hommage littéraire, le passage central qui raconte la naissance de l'écriture et son expansion à travers le monde et les civilisations est passionnant. La réussite est moins évidente pour le récit lui-même. Une forme de suspense débute avec la disparition de la petite fille, mais les évènements s'enchaînent de manière trop rapide, hésitante et pas vraiment crédible. De toute évidence, le but n'est pas là pour l'auteur, le nombre de pages consacrées purement aux échanges sur le livre le montrent. Mais dans ce cas, il aurait probablement fallu adopter une narration moins spectaculaire, plus éthérée et en ligne avec un scénario proche de la fable poétique. Les dessins de Brice Bingono ne déméritent pas, offrant des moments futuristes assez impressionnants. Mais la construction et le rythme de l'aventure restent dans une forme d'entre deux qui ne permet pas vraiment d'accrocher.