L'histoire :
En mai 1939, peu de temps avant la seconde guerre mondiale, William Beamish décide de redorer l'image du gouffre de Padirac. Il organise en grande pompe une deuxième inauguration du gouffre. Il n'est pas peu fier de montrer à la presse les aménagements opérés pour valoriser son site. Pendant la visite, il se remémore les exploits d'Édouard Alfred Martel, qui avait découvert ces grottes exceptionnelles. Il se souvient que le premier spéléologue de l'Histoire cherchait à acheter le gouffre pour valoriser son incroyable découverte. Malheureusement, personne n'avait voulu suivre son projet que tout le monde jugeait délirant. Un jour, Alfred avait oublié ses notes et croquis du gouffre dans une calèche. Le client suivant était tombé sur les documents et s'était montré très intéressé par l'affaire. Il s'agissait de George Beamish, le père de William. Il avait ramené les documents à Édouard Alfred Martel et se proposait d'investir dans le gouffre de Padirac...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laurent Bidot continue l’aventure du Gouffre de Padirac en bandes dessinées. Après avoir consacré son premier tome à la découverte du lieu par Edouard Alfred Martel, le tome deux s’intéresse aux décennies suivantes. Comment le gouffre peut-il perdurer et faire venir autant de visiteurs pendant des années et des années ? On sort donc du contexte de l’aventure et de l’exploration pour rentrer dans des considérations sociales et économiques. La narration est beaucoup plus pointue et donne de nombreux détails sur les réaménagements successifs opérés dans le gouffre, avec force détails et termes techniques et spécialisés. C’est malgré tout une aventure humaine plus large qui nous est donnée à voir. Tous les métiers et artisans vont tenter d’apporter leur pierre à l’édifice (ou plutôt à cet immense trou !). Ainsi, les auteurs mettent en lumière des hommes méconnus comme Roumazelles, qui a conçu l’éclairage et pensé tous les problèmes d’électricité ; Gaupillat qui a pris de nombreuses photos du site ; et Hugo d’Alesi qui s’est occupé des affiches publicitaires. Le récit joue sur les retours en arrière pour mieux expliquer le succès grandissant du gouffre. Le thème est pourtant loin d’être glamour et transcendant, mais Bidot parvient à intéresser le lecteur en alternant discours pédagogiques et dialogues vivants. Il parsème également l’opus d’anecdotes croustillantes et de coïncidences étonnantes. Le travail graphique de Lucien Rollin est remarquable et aide grandement à plonger dans cette histoire ultra réaliste. L’artiste s’emploie à représenter des décors majestueux. Le gouffre est surtout l’occasion de plans vertigineux et la bouche béante de l’entrée est particulièrement impressionnante. Le cadrage est parfois osé et casse le ton monocorde de l’ensemble. Ce tome deux risqué et peu attractif en apparence a le mérite de prendre des risques : l’appel du vide ?