L'histoire :
Jul, auteur de BD, relate avec ironie les bouleversements provoqués par la grossesse de sa compagne. Neuf mois de vécu rocambolesque sont disséqués avant que « Pixel » (le surnom donné à bébé) ne présente le bout de son nez. Les envies de fraises, les fameuses nausées tant redoutées, le casse-tête du prénom qu'il faut tourner dans tous les sens afin d'éviter tout lapsus… Le père Noël, Francoise Dolto, Laurence Pernoud ou le complexe d'Oedipe, ont aussi droit à leur lifting. Tout du moins, ceux-ci sont montrés sous un jour nouveau, plus proches de l'âge de pierre que de l'âge de fer. Or, il se trouve que cette fabuleuse gestation a également pour contexte une certaine campagne présidentielle française, qui la ponctue des deux mêmes faciès récurrents fortement médiatisés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La vie est un long fleuve tranquille… jusqu'à ce qu'un évènement inopiné surgisse. La grossesse fait partie d'un de ces moments qui, faute de métamorphoser notre monde, transforme la femme, le couple et la tranquillité du fleuve en torrent. Après l’excellent La croisade s'amuse du même Jul, l’auteur s'est attaqué en 2007 avec ironie aux bouleversements provoqués par la grossesse. Il est aujourd'hui réédité avec une nouvelle couverture et quelques pages inédites, intégrant Daech, Donald Trump et Charlie. Pour être franc, l’album laisse tout d’abord un léger goût de déception. Non que celui-ci soit mauvais, l'humour que nous sert Jul est exquis, mais trop raffiné pour les palais qui préfèrent la cuisine de Grand-mère à celle de Bocuse. Néanmoins, l’album confirme que Jul fait partie des grands. Grace à cet album, l’auteur a en effet reçu le prix René Goscinny (qui récompense un jeune scénariste de bande dessinée) en 2007 (sur 45 albums sélectionné). On se dit alors que la gastronomie de Bocuse mérite d'être dégustée. Effectivement, de son expérience relatée, Jul aurait pu se contenter d'un regard intimiste, voire nombriliste, mais il parvient à communiquer des messages. Par ses nombreux clins d'œil, le dessinateur prouve qu’il appréhende notre environnement socioculturel à la perfection. Sur un ton sarcastique, il écorche tout le protocole engendré par le processus de maternité, qui nous parait primordial dans le contexte, mais qui à bien y réfléchir est un peu ridicule. Reste à savoir s’il il va encore nous faire profiter de son expérience en nous contant les futurs nuits blanches passées, ainsi que les disputes afin de savoir si le tour de garde a été respecté ou s'il considère que l'accouchement nous sociabilise à nouveaux…
