L'histoire :
Toute la famille se retrouve auprès de Babi Maklouf, sur son lit de mort. Elie et Maurice participent à la veillée et retracent le parcours de vie de leur grand-père. Alors que leur arrière-grand-mère, Néné, avait perdu tous ses enfants à quelques mois, elle était allée voir le rabbin à Tétouan. Ce dernier lui dit alors : si tu veux que ton fils vive, dès sa naissance tu le confieras à tes amis, les femmes arabes de la casbah, durant sept années. Abasourdie par l’annonce, Néné traite de fou le vieil homme, mais elle se résout à suivre la recommandation. Elle confie donc son petit aux femmes de la médina. Durant sept longues années, elle regarde alors son fils par un trou dans le mur, sans l’approcher. Le jour venu, Néné et son époux se parent de leur plus beaux habits et vont à la rencontre de leur garçon, sous les youyous de joie du quartier. Comme le rabbin l’avait prédit, Babi vécu. En 14, le père de Babi, Guy, part se battre pour la France et il ne reviendra malheureusement pas. Babi Maklouf est pupille de la nation. Il se marie et se dirige vers la France, cœur du monde et fille de la liberté. Il fait des petits boulots pour nourrir la famille, qui compte cinq enfants. Il trouve un poste comme veilleur de nuit au Louvre où la contemplation et l’histoire des œuvres le passionnent. Malheureusement, les forces allemandes s’enfoncent rapidement dans les terres françaises en 1939 et l’ennemi est aux portes de Paris. Manquant d’homme pour le transport, le conservateur propose à Babi Maklouf de conduire un camion jusqu’à Chambord dans un premier temps. Il accepte, à condition que la petite famille parte avec. À peine sorti de la ville, le convoi de civils est attaqué par la Luftwaffe et les premiers blindés allemands sont visibles. La route vers Chambord va être périlleuse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Mon grand-père, ce héros » sont les premiers mots qui viennent à l’esprit après la lecture de cet album. Cependant, en s’arrêtant sur les étapes de vie de Babi Maklouf, son histoire est vraiment peu commune, tout comme les premières années de son existence, « abandonné » aux femmes de la Casbah sur proposition d’un rabbin. Ce premier récit est déjà fou, mais le second est encore plus trépidant. Un immigré passionné par les œuvres d’art du Louvre va avoir pour mission d’en exfiltrer une partie de Paris, alors que les forces allemandes sont aux portes de la capitale. Pire : il va emmener sa femme et ses cinq enfants dans ce périple. D’ailleurs, c’est très certainement cette décision qui va les sauver, car ils sont juifs. Le schéma scénaristique est un peu éculé, avec le partage des souvenirs lors de la veillée d’un homme sur le point de mourir. Ce processus lié au deuil est souvent mis en avant pour partager des mémoires dans le septième art. Cependant, le rythme de l'intrigue est bien mené, avec nombre rebondissements. Le couple de Babi est attachant avec des petites phrases, des attentions ou des scènes de jalousie feinte, qui dénotent d’un amour inconditionnel. C’est assez touchant. Le style graphique est confié à l’illustratrice italienne Letizia Depedri qui, de son trait semi-réaliste, propose un ouvrage plaisant, détaillé avec une composition soigneusement pensée, mettant en valeur rapidement l’élément essentiel de la case. Ainsi, avec ce premier tome, les auteurs livrent un bel album hommage autant sur l’aspect scénaristique que sur le plan artistique.