L'histoire :
Los Angeles. Webster Fehler a 40 ans et il souffre du mal existentiel qui touche une très grande majorité de la population de la ville : la dépression. Du coup, son triste quotidien ne se définit plus qu’à travers l’isolement et la frustration. En effet, Webster n’a personne à aimer, ni à qui parler. De plus, il subit le poids d’une existence au rabais dans un petit cabinet d’avocats où il n’essuie que mépris et reproches de la part de ses pairs et de ses supérieurs. Mais un beau jour, le destin intervient d’une façon sournoise. Ainsi, Webster trouve par hasard une sacoche égarée qui renferme un badge de policier et une arme chargée ! Cette découverte impromptue va provoquer en lui le réveil d’une part d’ombre dont il sera à la merci et dont il ne soupçonnait même pas l’existence. Au fil des jours qui passent, Webster sent naître en lui un sentiment nouveau et grisant de toute-puissance. Et petit-à-petit, par-delà les notions de bien et de mal, l’avocat compte bien se sortir de sa propre chrysalide, pour dominer et prendre sa revanche sur le monde. En usurpant une identité d’un véritable policier, Webster part peu à peu s’aventurer au-delà des frontières interdites de Los Angeles pour se complaire dans l’immoralité la plus totale. Cependant, ces terribles exactions vont mettre la ville à feu et à sang. Personne n’est à l’abri de ses actes inconsidérés… y compris pour le policier qui a perdu son badge et son arme !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de ne pas penser au cinéma à la lecture de ce Labeur Du Diable. En effet, cette œuvre initiée par Fathi Beddiar dès 2016, avec l’idée d’en faire un scénario pour un film sans concession à la manière de Chute Libre ou de Taxi Driver, a suscité un vif intérêt du réalisateur de Message from the King, Fabrice Du Welz. Malheureusement, la machine à broyer d’Hollywood en a décidé autrement, si bien que Le Labeur du diable prend aujourd'hui forme en bande-dessinée sous l’impulsion de Fathi Beddiar, bien décidé à mener son récit à bien, coûte que coûte ! Pour ce faire, il a fait appel à Babbyan et Geannes Holland pour mettre en images le scénario aux accents corrosifs de cette série noire. Ce récit violent en forme de descente aux enfers est logiquement construit à la manière d’un film et convoque des ambiances qui rappellent James Ellroy et consort. En ce qui concerne la partie graphique, Babbyan et Geannes Holland ne font pas dans la dentelle et délivrent des dessins bruts et nerveux. La mise en planches est d’ailleurs elle aussi énergique, à la manière d’un montage de film. Il n’y a pas de temps mort et c’est tant mieux ! Au final, cette œuvre forte et racée fleure bon la violence à la manière des films hard boiled de la belle époque. Malgré la qualité réelle de cette BD, on regrette que ce scénario-là n’ait pas pu être adapté au cinéma tant il est bon. Mais qui sait ? Peut-être cela arrivera t-il un jour ?
