L'histoire :
Une colonie de scouts a désormais établi un barrage filtrant autour de la petite ville de Saint-Antoine, en Isère. La raison : une épidémie de « claviceps deviant IV », alias le « mal des ardents », provoquée par des champignons rares, a déjà fait de nombreuses victimes. Comme au moyen-âge, victimes et superstitieux accrochent leurs gris-gris au calvaire pour être protégés. Sur le parvis de l’église, une foule de pèlerins écoute un fameux prédicateur déverser ses sermons. En contrebas, tout ce remue-ménage médiatique n’empêche pas Sonora de restaurer sa maison. Dans le passage souterrain voûté qu’il a découvert en déblayant, il a remonté de banales poteries du XVIIe, qu’il ramène d’expertise. Ce faisant, sur la route, il manque de renverser Yvonne, une vieille sorcière qui vit recluse avec ses chats. Dès le lendemain, comme régulièrement, il s’envoie en l’air en cachette avec la mystérieuse Christie, ignorant du double jeu mystique auquel cette véritable mante religieuse s’adonne. Car quelque chose d’obscure se trame à Saint-Antoine. Sonora en apprend alors un peu plus sur sa propre cave en discutant avec un paysan du cru. Durant la seconde guerre mondiale, la fameuse Yvonne aux chats, nyctalope de son état (c'est-à-dire qu’elle peut voir la nuit, comme les chats), avait surpris un double meurtre perpétré par deux nazis dans la crypte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second épisode continue d’intriguer fortement… sans emballer tout à fait. Il faut néanmoins reconnaître à ce duo d’auteurs d’avoir réussi leur atmosphère mystique. Le ton oscille sans cesse entre le p’tit polar social et le thriller ésotérique, sans jamais choisir tout à fait. D’un côté, le héros Sonora est l’élément cartésien de l’histoire : maçon, les pieds sur terre, il ne craint aucune chimère et reste maître de ses actes. De l’autre, de nombreux morceaux de puzzle font pencher l’ambiance du côté fantastique : une vieille nyctalope, des pestiférés qui se zombifient littéralement, une crypte qui contient des secrets occultes, ou encore une (a-)mante religieuse peu catholique… Pour brouiller encore un peu plus ce panorama, la trame alterne des séquences franchement prenantes (l’histoire du paysan) et d’autres totalement abracadabrantes (le scout qui flingue un motard). Insolite : le dessinateur est ici le véritable prescripteur de cette histoire bizarre. Le dessin détaillé et ciselé d’André Houot s’accorde d’ailleurs fort bien de tous ces mystères nébuleux. Il y a de quoi faire des cauchemars avec les « tronches » burinées et angoissantes des autochtones, qui évoluent dans un décorum champêtre. Cerise sur le gâteau, le scénariste signe quant à lui du pseudo Py (des initiales ?) et fait tout un mystère de son identité (a priori connue)… Selon sa biographie, il serait (entre autre) spécialiste des énigmes militaires du XXe siècle. Il y a donc des chances que le 3e et dernier volet se concentre sur la piste nazie…