L'histoire :
Le Mal serait-il de retour à Saint Antoine ? Certains signes ne trompent pas et rappellent aux villageois que cette commune d’Isère fut l’un des hauts lieux de la lutte qu’on livra, autour de l’an mil, à une mystérieuse épidémie. Tout comme au moyen âge, les feuilles des cerisiers portent cette année la marque du serpent et l’on compte dans la région un nombre alarmant de victimes succombant au « mal des ardents ». Peu à peu, le village s’emplit d’une foule de pèlerins malades qui souhaitent se mettre sous la protection de la « grosse église » et d’un médecin prédicateur quelque peu inquiétant. Au village, seul Sonora, qui s’est improvisé maçon pour retaper une bâtisse jouxtant la fameuse église, semble garder la tête froide. Il tente d’assembler, au hasard de ses rencontres, un puzzle qui pourrait le conduire à la vérité. Ainsi, il apprend que pendant la seconde guerre mondiale, un convoi SS a fait escale dans le village pour cacher dans la crypte de l’église un mystérieux chargement. Ce n’est malheureusement pas Yvonne, qui avait assisté par hasard à cet événement, qui pourra l’aider : la vieille femme, que l’on disait sorcière, vient de mettre fin à ses jours sous la pression de ses concitoyens. Ils le paient bientôt, un à un atteints par la terrible maladie. C’est le moment que choisissent, pour faire leur apparition dans le village, deux jeunes filles plutôt étranges qui semblent en connaitre beaucoup sur les événements. Plus que Sonora, en tout cas, qui décide de se rendre à Lyon pour entendre les révélations d’un vieux biologiste qui semble en savoir beaucoup sur la nature du chargement enfoui par les nazis en 1944… Sonora aurait plongé la main dans un nid de frelons qu’il ne s’y serait pas mieux pris…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième épisode, le mystérieux Py et André Houot bouclent une trilogie intrigante qui aura pris soin de jouer avec nos angoisses, en entrelaçant subtilement une trame ésotérico-fantastique et un récit policier ordinaire. Il y a d’abord de sublimes couvertures qui, paradoxalement, repoussent et attirent, nous prenant déjà au piège, nous contraignant à avancer même si l’on a peur de ce que l’on pourrait trouver. Et puis la maladie, celle qui fait peur, qui foudroie et qui peut atteindre même les plus méritants. Il y a ensuite le personnage de Sonora qui nous fait garder raison en absorbant l’anxiété que la mise en scène, efficace, a suscité. Il y a enfin le travail d’André Houot qui joue la même partition, alternant douceur et dégout… Au bout du compte, déshabillée de ses atours inquiétants, l’intrigue policière est on ne peut plus classique, parfaitement maitrisée, ne nous laissant aucun goût amer sur les papilles. Dans cette histoire, l’oscillation entre le tout irrationnel et la simplicité d’une interprétation des plus cartésiennes, si elle rend la narration originale, s’accorde parfaitement avec la psychologie humaine : une irrépressible tendance au grand n’importe quoi lorsque la réponse logique à un phénomène ne saute pas immédiatement aux yeux. Py nous démontre d’ailleurs de quelle manière les extrémistes et fanatiques de tout bord utilisent cette « défaillance » pour mener à bien leurs pitoyables projets. Cet opus ne nous livre pourtant pas encore toutes les clefs, les auteurs s’amusant à laisser planer quelques mystères… pour une suite ?
