L'histoire :
Il est à peine minuit passé le 28 juin 1914, Gavrilo Princip vérifie son pistolet avant d'être interrompu par l'arrivée de ses compagnons d'armes passablement éméchés, alors qu'ils s'apprêtent à commettre un assassinat qui entrera dans l'histoire. L'archiduc François Ferdinand est à Sarajevo, et pour ce groupe de jeunes serbes, il incarne la privation de liberté de leur peuple, l'autorité austro-hongroise qui leur a été imposée quelques années plus tôt. Pour en arriver au jour J, il aura fallu un peu d'organisation à Gavrilo, Cabri et leurs amis. Des complicités pour passer les frontières vers les territoires contrôlés par l'empire. C'est un petit groupe du nom de Main Noire qui va soutenir la préparation de l'attentat. Pendant ce temps, à la cour autrichienne, le successeur de François Joseph sait que son heure viendra, tous les autres prétendants potentiels ayant perdu la vie. Pourtant, il n'est pas forcément aimé par la famille royale, il mène une vie amoureuse un peu hors norme avec une femme qui n'est pas du rang souhaité, mais qu'il va néanmoins épouser et imposer à tous. Ni les futurs terroristes, ni l'archiduc n'imaginent en tout cas que leur rencontre dramatique va déclencher une guerre mondiale, la plus mortelle de l'histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur le papier, le scénariste Jean-Charles Chapuzet a construit une narration intéressante en mêlant les préparatifs de l'attentat par ce qui ressemble à une vraie bande d'amateurs, et l'accession au pouvoir de François Ferdinand. Deux progressions parallèles qui vont se percuter de manière dramatique. En plus de ces deux axes, des petits flashforwards dans la salle d'audience du procès des assassins quelques mois plus tard donnent un éclairage supplémentaire sur leurs motivations, en même temps qu'une idée de ce qui se passe après la fin de cette histoire (des flashforwards, quoi...). Le tout est un peu inégal sur le plan du rythme, avec une volonté évidente d'insérer des points de repère de l'Histoire à venir, notamment la guerre de Bosnie dans les années 1990-2000. Ou bien une citation de Nino Ferrer (le chanteur du tube Le Sud) par un balayeur de rue qui philosophe en préparant la visite du futur empereur. On assiste à plein de petites scènes sans que l'accélération saute aux yeux, peut-être pour accentuer le sentiment d'impréparation de Princip et sa bande. Le dessin de Christophe Girard est tout à fait approprié, classique et semi-réaliste avec de belles hachures et des couleurs contenues, voire de jolies cases crayonnées pour les scènes au tribunal. L'idée est intéressante en tout cas, et le contexte historique très instructif pour le béotien, comme probablement pour le lecteur plus féru d'histoire.
