L'histoire :
Dans un futur post-apocalyptique indéterminé. Solal et sa petite sœur Eva traversent une ville en friche et désertée. A l’ombre d’un pont en ruine, ils sont mis en joue par le propriétaire d’une camionnette. Solal se fige et propose un deal : il a des pièces pour réparer le moteur et il est mécano ! Solitaire, le gars accepte. La nuit tombe, un brasero est allumé, autour duquel s’enclenche un début de discussion. Ces présentations tournent court : ils sont attaqués par une horde de chiens affamés. Solal et sa sœur ont juste le temps de se barricader dans la camionnette. Malgré son arme, l’homme est déchiqueté, débordé par le nombre. La nuit passe. Le lendemain, les fauves ont disparu. Solal et Eva remettent en route la camionnette et font route vers « le mur ». Ils espèrent trouver de l’autre côté cet « Eden » dont on leur a tant parlé, cet endroit paisible et frugal où, entre autre, il y aura à profusion de la Ventoline®, qui va bientôt faire défaut à Eva. Avec leur van, ils longent l’ancien littoral de la Méditerranée asséchée, jusqu’à arriver au niveau d’une ex-zone portuaire. Une communauté semble vivre retranchée ici. Solal tente de négocier son passage vers Eden, en offrant la camionnette. Mais ce van est déjà la propriété de leur chef, un type violent qui se fait appeler Bastard. Il ne risque pas d’acheter ce qui lui appartient… Il ne laisse Solal en vie que parce que l’adolescent a des talents de mécano. Ensemble, ils vont préparer leur prochain raid vers « le mur »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mur dont il s’agit ici, et qui a été imaginé par Antoine Charreyron, est plus proche des sordides projets de Trump que du psycho-métaphorique The Wall de Pink Floyd. En effet, dans un avenir post-apocalyptique aride, décharné et digne de Mad Max, au sein d’une ruine de civilisation sauvage qui survit plus qu’elle ne vit, un adolescent rêve de passer ce « mur », au-delà duquel se trouve « Eden » (alias le paradis, pour les rares non-anglophones). Or évidemment, le contexte n’est pas trop propice à satisfaire cet objectif opiniâtre, totalement mû par la santé de sa petite sœur – rôôô c’est trop choupinou ! L’assurance-vie de Solal semble importée de Star Wars, épisode 1 : malgré sa jeunesse, il est un mécano de génie. Pour la suite – nous n’en révèlerons pas trop afin de ne point divulgâcher – oubliez les précédentes références : ça s’en éloigne radicalement, pour aller flirter du côté de la SF nippone ou moebiusienne, avec une morbide surprise de fin, en guise de cliffhanger – la série est prévue en 3 tomes. L’adaptation, les dessins et la colorisation sont réalisés par l’italien Mario Alberti, qu’on n’avait plus croisé depuis un bail, et qui se mue donc pour la première fois en auteur complet. On peut lui reprocher un manque de clarté dans certaines séquences (l’attaque du mur) et un dessin plus rough que sur ses précédentes œuvres (Marshall, Redhand !). Mais l’aventure futuriste reste tout de même globalement explicite, et son propos fait sens ! Il est question de l’avenir promis de notre anthropocène, mais aussi de l’universelle et grandissante séparation entre l’humanité misérable et les nantis… Vaste programme. Graphiquement, les friches urbaines, les enchevêtrements de structures et d’engins rongés jusqu’à l’os offrent les perspectives d’un futur dantesque et angoissant. A dévorer dans un coin.