L'histoire :
Bastien a 8 ans. Sa mère Marie est malade depuis qu’il est tout petit. Marie présente en effet des troubles bipolaires à tendance schizophrénique. Elle fréquente régulièrement les hôpitaux psychiatriques, d’où elle revient à l’état de légume. La plupart des établissements spécialisés du Sud-Ouest l’on accueilli : Albi, Castres, Toulouse, Mazamet. Quelquefois, Bastien entend des cris dehors. C’est sa mère qui hurle. Son corps se tord dans tous les sens. Les infirmiers sont à ses côtés, ils essaient de lui enfiler une camisole de force. Le grand-père maternel de Bastien n’arrive pas à accepter l’état de sa fille. Il ne comprend pas ses accès de démence et fait tout pour la ramener à la raison. La grand-mère de Bastien essaie de faire comme si de rien n'était et se demande ce qu’elle a fait au bon Dieu pour mériter ça. Le père de Bastien fait tout pour que sa femme puisse vivre normalement. Il protège Bastien. Et Bastien, au milieu de tout ça, observe les évènements avec son regard d’enfant, plein d’imagination...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Château Bordeaux est un succès pour Espé. Plutôt que de s’endormir sur ses beaux lauriers, l’auteur mazamétain tente des expériences. L’année dernière, il avait réalisé l’excellent L’île des Justes. Cette année encore, il réitère avec Le Perroquet un projet qu’il a élevé avec patience. Une première ! Plus qu’une autobiographie, c’est une autofiction. Il raconte son propre vécu en mixant son histoire familiale. Comme Marie, la maman de Bastien, sa mère souffre de troubles bipolaires à tendances schizophréniques. Il s’est aussi inspiré de l’histoire de sa cousine, minée par des phases de dépressions aiguë et qui a mis fin à ses jours il y a quatre ans. Sans jamais tomber dans le pathos, il équilibre le poids de l’histoire par l’imaginaire de Bastien, non sans humour. Sa narration se développe autour des épisodes-clés de la vie de Bastien avec une montée émotionnelle qui ne faillit jamais. S’occupant du scénario et du dessin, Espé montre qu’il est bien plus qu’un simple dessinateur, c’est auteur à part entière ! Dans son dessin, l'auteur s’éloigne de son style habituel pour un trait plus enlevé, moins classique, avec une monochromie allant du vert au bleu, en passant par l’ocre et le rouge (pour symboliser les accès de colère de Marie), ce qui donne à l’histoire une dimension tragi-comique. Espé signe sûrement l’un des meilleurs albums de ce début 2017. Poignant de bout en bout, Le Perroquet montre toute la palette de talents d’Espé.