L'histoire :
Un beau jour, Kergan, fils d’une lignée ancestrale de seigneurs de guerre Dace, vampire de condition alias « le prince de la nuit », s’exhume en rampant d’un terrier, après des années d’hibernation. La première chose qu’il se remémore, lors de cette renaissance, est précisément les antiques circonstances qui lui permirent de devenir vampire. Revenons quelques siècles plus tôt, au temps de l’occupation romaine. A la tête d’un escadron de ses meilleurs guerriers, Kergan attaque une légion et tranche la tête de leur meneur, le fils du commandant en chef de la cavalerie romaine. Panaïcomes, le père de Kergan, un puissant mais vieillissant seigneur Dace, entre dans une rage folle. Lui qui louvoyait en diverses diplomaties pour étendre la suprématie de son peuple… Le voilà dans la fâcheuse posture du tyran. Sous les conseils perfides de sa seconde épouse, il décide donc d’éloigner Kergan un temps, en l’envoyant en mission de ralliement auprès d’un roi voisin. Cependant, le demi-frère de Kergan profite de cette occasion pour lui tendre un piège, dans l’optique dh’ériter à terme du trône. Il prévient en effet un seigneur voisin rival, qui tend une embuscade à Kergan. La nouvelle revient vite aux oreilles du vieux Panaïcomes : Kergan est tombé, nul doute qu’il est déjà mort. Mais bien qu’accablé, le vieux roi n’est pas dupe. Il décide de prendre une troisième épouse, pour brider l’ambition de la seconde pour leur fils. Celle-ci sera Lylia, la promise éplorée de Kergan. Une bien tragique décision…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’avantage des vampires, c’est qu’ils sont immortels. 13 ans après l’avoir abandonné à la fin du tome 6, Yves Swolfs exhume son suceur de sang Kergan, et lui offre ce tome 7 en forme de renaissance et de préquelle. En auteur complet sur ce tome autonome, il annonce que la série perdurera désormais en cycles courts de 1 ou 2 tomes… mais pas forcément dessinés par lui (le casting est en cours). Pour repartir du bon pied, cet opus retrace la genèse vampirique de Kergan, le Prince de la nuit. Comment et pourquoi est-il devenu un vampire, à une époque où son peuple Dace (établi sur le bas-Danube, actuelle Roumanie) était envahi par l’empire romain ? Après 3 premières planches superbes mais un brin emphatique dans leur voix off, la narration se fluidifie en entrant au cœur d’un contexte familial tendu. Kergan, fils guerrier d’un seigneur déclinant, tombe dans un piège qui confine à la tragédie grecque. Nous le découvrons donc tout d’abord, et pour la première fois, dans sa condition humaine, antérieure à celle de vampire. Bien que guerrier impitoyable (il coupe la tête d’un romain), il incarne le héros droit et l’ignominie dont il est victime inspire la compassion. L’engrenage familial est ensuite shakespearien et bascule presque naturellement dans l’horreur… bien que cette dimension fantastique apparaisse de manière un peu « facile ». L’épisode se découvre néanmoins avec grand plaisir, essentiellement parce que Swolfs n’a rien perdu de sa puissance graphique. Son dessin réaliste traditionnel demeure de haute volée, chiadé aussi bien sur les visages expressifs que les décors romantiques, les cadrages et le découpage impeccables. Tremblez mortels, Kergan est de retour.