L'histoire :
Le 6 février 1998, à 21h05, le préfet de Corse-du-Sud Claude Érignac est abattu dans les rues d’Ajaccio. C’est la première fois depuis l’occupation allemane qu’un préfet est assassiné en France. L’affaire a un retentissement sans précédent. Après de longues investigations dans les milieux nationalistes corses, les forces de police arrêtent Didier Maranelli, Pierre Alessandri, Alain Ferrandi, Marcel Istria. Ils ont été repérés via leurs téléphones portables. Après des interrogatoires, les quatre hommes dénoncent l’auteur du crime, Yvan Colonna, surnommé le berger de Cargèse. Celui-ci restera en cavale en Corse jusqu’à son arrestation en juillet 2003, à Olmeto, à proximité de Propriano. Du 12 novembre au 13 décembre 2007, la Cour d’Assises a jugé Yvan Colonna coupable et l’a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Durant quatre semaines, devant cette salle d’audience, c’est une tranche de vie, une sorte de comédie humaine et sociale, avec des personnes de tous horizons qui s’est déroulée. Tignous et Paganelli ont suivi ce procès pas comme les autres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir été publié chez 12 bis, Le procès Colonna est réédité aux Éditions Glénat. C’est un procès politique, pas comme les autres, au sens propre du terme, qu’ont suivi Tignous et Dominique Paganelli. Tignous, tout le monde le connaît depuis les tragiques attentats visant Charlie Hebdo qui lui ont coûté la vie, le 7 janvier 2015. Paganelli est lui un journaliste d’investigation qui a travaillé aux services politiques de grandes radios (RMC, Europe 1) et pour la télé : Canal +, France 3 (La marche du siècle), France 2 (Complément d’enquête), TF1 (Sept à huit), M6 (Zone interdite)… Les deux hommes ont uni leurs talents pour retranscrire non pas l’intégralité du procès mais ce qui les a touchés, leurs impressions pendant 34 journées d’audience. Bon, pour lire cet ouvrage, il faut s’accrocher, tant il est dense, avec des annotations dessinées et écrites de Tignous, illustrant les textes de Paganelli. Mais une fois passé ce flot d’information, on plonge littéralement dans le procès. Les témoins s’enchaînent les uns après les autres, interrogés par les avocats de la défense et de la partie adverse. On nage en plein milieu nationaliste corse qui voit là un crime politique et non un crime d’état. Et Colonna dans tout ça ? Difficile de savoir quel est son rôle dans l’affaire, les investigations policières étant pleines de zones d’ombres (la fameuse affaire de la Paillotte de Francis en témoigne). Colonna coupable ou innocent ? Chacun est libre de se faire une idée sur la question…
