L'histoire :
Le 14 juillet 1980, dans un coin tranquille du bassin d’Arcachon, un jeune homme attire une fille à un point d’observation soi-disant unique pour voir le feu d’artifice. Le garçon devient trop entreprenant, la fille se débat… Il devient violent, lui attache les chevilles, lui fourre un mouchoir dans la bouche et l’attrape par le cou. Il ressortira un peu plus tard de la cabane de pêcheur abandonnée, en reboutonnant son pantalon. 26 ans plus tard, dans une ville bourgeoise de province, un serial-killer appelé « le tueur à la ficelle » fait une nouvelle victime, à son domicile. Le protocole est toujours le même : chevilles nouées, mouchoir dans la bouche et étranglement. Le lendemain soir, lors d’une soirée mondaine, le député-maire Jean Lestrade s’entretient d’un gros problème avec un ami inspecteur de police, Kelian Zelman. En effet, Lestrade a reçu sur DVD un film du cadavre de cette victime, Laure Malive, montrant dans le même plan un échange de mail qui prouve qu’il la connaissait de manière intime. Kelian comprend l’embarras de l’homme politique : si sa vie sexuelle n’est certes pas exempte de tous reproches, mais quelqu’un cherche visiblement à ruiner sa carrière, alors qu’il est justement pressenti pour devenir ministre ! Il lui propose alors de faire fi de la déontologie et d’aller dérober l’ordinateur chez la victime avant que le corps ne soit officiellement découvert…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Didier Convard offre quelques vacances à ses francs-maçons (cf. INRI, le triangle secret et le suivi de la collection Loge Noire), pour orchestrer une série de thrillers en diptyques. Ce Protocole du tueur devrait en effet être suivi d’un Protocole du fou (abordant la folie), puis d’un Protocole de Dieu (abordant les sectes). Pour le moment, nous entrons rapidement dans le vif du sujet, via le déroulé d’une manipulation savamment huilée. Au-delà de cette enquête tout à fait captivante, Convard s’est fixé comme objectif d’explorer une thématique intéressante : de l’influence du pouvoir politique sur le pouvoir judiciaire. Il suffit en effet de suivre un minimum l’actualité pour s’apercevoir que la justice n’est pas franchement la même en fonction de la fonction que l’on exerce. Dans cette mise en bouche, Convard prend pour cadre une ville provinciale bourgeoise, pour cible un homme politique suffisamment respectable pour devenir ministre, puis il dévoile progressivement le vrai visage de la notabilité. On n’est pas loin d’un Chabrol en BD, même si ce n’est pas exactement la même démarche. L’intrigue est mise en relief par Denis Falque, qui abandonne donc lui aussi les décors moyenâgeux pour un cadre contemporain urbain plus proche de ses désidératas d’artiste. Mis à part sur les visages, toujours disgracieux (c’est pathologique chez Falque), le dessinateur met ce polar en relief de manière rigoureuse et détaillée. De quoi nous appâter pour la conclusion