L'histoire :
Un soir de juin 1595, un messager annonce au comte François-Annibal d’Estrées le décès de son frère durant le siège de Laon. Ses effets personnels lui ont été rapportés. Dans une malle, le comte trouve une fiole d’une délicieuse liqueur… qu’il engloutit. Un manuscrit donne la précieuse formule de ce breuvage et le décrit comme étant un « élixir de longue vie » ! Quelques années plus tard, sur les conseils d’un ami apothicaire, il se rend à l’abbaye de Vauvert, où les moines sont réputés d’excellents herboristes. Hélas, lorsque les moines se préoccupent enfin des ingrédients, ils s’aperçoivent que certains sont d’origine exotique et que d’autres ne se trouvent qu’en montagne. Il faut encore attendre 130 ans pour que le parchemin voyage jusque Grenoble et le massif de la Chartreuse. Lorsqu’il se penche sur cette formule, le frère Bruno Isoard s’aperçoit que la quasi-totalité des plantes médicinales connues entrent dans sa composition. Avec l’aide de son assistant André, il tente alors de recomposer l’élixir de longue vie. Ils parviennent à obtenir un liquide rougeâtre… puis verdâtre après quelques modifications… mais le goût restait fort désagréable. Ils le testèrent néanmoins auprès de villageois en mauvaise santé et la Chartreuse commença dès lors à bénéficier d’une petite réputation. Hélas, Bruno et André moururent sans former quiconque pour les remplacer à la fabrication de la liqueur. Il faudra attendre les talents d’apothicaire du frère Jérôme Maubec, qui étudia le goût de l’élixir pour tenter d’en établir la recette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sa couleur glauque et ses effluves médicinales incitent généralement le touriste à la prudence… et pourtant, lorsque ce dernier boit une lampée de Chartreuse, il a généralement tendance à y revenir ! Une fois n’est pas coutume, le 9ème art établit dans ce one-shot la biographie d’une liqueur ( ! ) bien connue des grenobloises éditions Glénat. Trafiquée jadis à partir de la formule d’un oriental « élixir de longue vie », la recette exacte composée à partir de plantes des montagnes reste aujourd’hui un secret connu de seulement 3 moines, sans brevet déposé. La tâche a logiquement été confiée à Laurent Bidot, dont l’œuvre est déjà particulièrement imprégnée de catholicisme. Son dessin réaliste n’est certes pas des plus gracieux, il s’avère néanmoins approprié au calme de cette « intrigue » et régulier sur la longueur. Pour rythmer la chronologie des pertes et des restaurations successives d’une telle recette – un destin finalement fort peu trépidant – l’auteur complet a recours à deux astuces narratives. Primo, c’est le parchemin original lui-même qui relate son histoire à la première personne ! Deuxio, Bidot alterne le déroulé historique par des séquences contemporaines mettant en scène une étudiante japonaise boursière, qui projette d’écrire un livre sur le Cognac et entame un voyage sans se savoir manipulée. Il vous faudra attendre la fin de l’ouvrage pour comprendre le rapport… On ressort de cette BD un doigt plus instruit, avec une petite envie de dégustation qui chatouille les papilles.