L'histoire :
D’un œuf de pierre, naquit un jeune singe parfait en tout point de vue. Il s’inclina aux quatre points cardinaux et la magie de son geste provoqua une lumière céleste irradiante qui parvint au château des nuages. Surpris et agacé par cette lueur intrusive, l’empereur de Jade ordonna à sa garde d’identifier l’insolent mortel responsable de ce trouble. De son côté, le jeune singe séduisit peu à peu les jeunes gens du royaume et offrit à cent mille d’entre eux une terre accueillante, sûre et censée les mener au ciel. Après cent ans d’oisiveté, ce nouveau roi appréhende le temps de la vieillesse et de la mort. Une vieille femme lui explique que la religion a pris possession de son cœur et qu’il souhaite devenir éternel comme trois espèces : les bouddhas, les immortels et les sages. Pour se soustraire à son sombre destin de mortel, le roi singe doit effectuer un long périple pour les retrouver dans d’anciennes grottes sur les montagnes enchantées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Glénat réédite l’une des toutes premières BD de Milo Manara initialement parue en 1980. C’est une adaptation « très » libre d’un conte chinois traditionnel du XVIème siècle, Le voyage en occident ou La pérégrination vers l’Ouest. Ce roman fantastique est également une satire de la société de l’époque : le singe s’oppose aux dieux de l’Olympe chinois pour devenir un être libre. Ces aventures inspireront notamment des auteurs de mangas comme Dragon Ball ou encore Naruto. A travers sa quête de l’immortalité, ce singe anthropomorphe va croiser sur son chemin toute sorte de créatures (et parfois des plus charmantes). Le scénario de Silverio Pisu est très onirique, décalé, malheureusement souvent abscons. Inscrit dans une époque libertaire, ce récit est marqué par les révolutions culturelles qui façonnent un monde en pleines mutations. Les auteurs se sont amusés à agrémenter ce pamphlet politique avec des anachronismes (de nombreuses références à la culture hippie) et des dialogues contemporains savoureux. A l’époque, Manara, influencé par Moebius et Druillet, va rompre avec les schémas classiques de la narration BD, en prenant beaucoup de liberté avec le découpage. Son trait fin, d’une grande précision et d’une belle richesse graphique est déjà très abouti. Pour cette nouvelle édition, les éditions Glénat enrichissent cet album de quelques dessins inédits.