L'histoire :
En 1934, un adolescent pénètre dans un temple sacré pour en percer les secrets, malgré les recommandations de son père. Il est alors attaqué par un tigre et ne doit la vie sauve qu’à l’intervention de son père… qui succombe aux assauts du félin. 50 ans plus tard, dans un hôpital de Chicago, Abel Weiss veille sa fille Audrey, atteinte d’un cancer incurable. Il doit tenir bon, encore quelques semaines, peut-être seulement quelques jours… Trois ans plus tard, Abel est en pleine déprime. Sa fille Audrey morte, il n’assume plus rien de sa vie, ni au foyer, ni dans son job de courtier. Il signe avec détachement la procédure de divorce demandée par sa femme et se gave d’anxiolytiques. En revenant d’une dialyse, il subit alors un terrible accident de voiture : percuté par un pick-up, son véhicule vient s’encastrer sous un camion citerne, qui explose. Quand Abel se réveille, il fait froid et sombre. Il est nu, enfermé dans le coffre d’une voiture, en train d’être déchiqueté par une broyeuse. Il s’en extrait in extremis et constate que son corps est intact… à l’exception de mystérieuses petites croix en quadrillage sur son torse ! Il se traine dans la neige jusqu’à un local où il trouve des vêtements et rejoint Chicago en stop. Epuisé et hagard, il retourne chez lui et découvre avec horreur que son immeuble est en train d’être rasé ! Sur le panneau de la société de démolition, une date lui fait prendre conscience que 7 années se sont écoulées depuis son accident…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ne confondez pas : il existait déjà Le syndrome de Caïn (chez Soleil), il existe à présent Le syndrome d’Abel (chez Glénat) ! Ce dernier n’a toutefois strictement rien à voir avec le premier, et ne semble pas (pour le moment) relié à la mythologie biblique. En digne épisode d’exposition, cette mise en bouche met en place un mystère scotchant, typique des thématiques accrocheuses appréciées par le duo de scénaristes… à la différence qu’ici, l’un d’entre eux se fait dessinateur ! Epaulé pour la « 3D et compositing » par son compère Jean-Michel Ponzio, Richard Marazano renoue en effet avec le plaisir de la table à dessin, ce qui ne lui était plus arrivé depuis Le bataillon des lâches, l’un de ses premiers albums (2000). Son style graphique se situe dans la lignée de ce que fait Matthieu Lauffray, mais il est encore loin d’atteindre la virtuosité et la spontanéité de ce dernier. Notamment, on peine souvent à reconnaître le héros, à différencier les protagonistes et certaines séquences manquent énormément de fluidité (dans le métro). Pour l’ambiance, on retrouve un peu l’atmosphère urbaine apocalyptique du premier tome de Prophet. Il n’est pourtant pas question de démons chtoniens, mais d’une étrange résurrection ponctuée de moult zones d’ombres. Abel est-il revenu d’entre les morts ? Qu’a-t-il subit durant ces 7 années ? Est-il le jouet d’un complot cartésien ou d’une cabale démoniaque ? Quel sens attribuer à son quadrillage cruciforme épidermique ? Xavier Dorison sait diablement y faire pour embarquer le lecteur. Le coup du type auquel on a mystérieusement retiré les repères de sa vie, est un classique du suspens qui marche à tous les coups. Le second volume devrait être déterminant…