L'histoire :
trente ans après la mort du Christ, six enthousiastes, des « choisis », accompagnent un esclave chrétien, Sar Ha Sarim, pour une longue marche vers l’orient. L’homme est généreux, décidé, charismatique et tous voient en lui le nouveau messie annoncé par les Écritures. Parmi eux, se trouve le général romain déchu Julius. Lui n’est pas religieux, mais il espère faire revenir le chrétien en Judée, car seule son aura peut contribuer à pacifier la Palestine. Chemin faisant, les épreuves sont aussi nombreuses que les paysages improbables. Après Babylone puis un interminable désert, ils atteignent une mystérieuse citée grecque en ruine, plantée sur un piton rocheux. Sur le pont de cordage qui s’ensuit, ils sont attaqués par de fantomatiques cavaliers en feu. Levy est gravement blessé par une lance en travers du thorax, mais le pont est tranché juste à temps. Dans des souffrances qui durent toute une nuit, le blessé relate à ses compagnons une légende ancestrale. Il leur explique que leurs poursuivants sont d’immortels roi-sorciers de Gomorrhe et qu’il s’est trompé sur le compte du chrétien : il n’est pas le messie. Le lendemain, les pèlerins abandonnent leur compagnon qui agonise toujours dans une grotte. Ils atteignent alors une luxuriante vallée, qu’ils prennent pour le jardin d’Eden…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Troisième Testament était formidablement reparti au début du second cycle, en embrassant cette fois le registre du péplum en cinémascope, façon Cécil B deMille. Un général déchu, un chrétien charismatique alter-ego de Jésus et une poignée de simili-apôtres s’étaient dès lors lancés dans une quête de sens et de vérité, en marche vers l’orient… Mais celle-ci, bien que linéaire, finit cette fois par bien tourner en rond. Le péplum à grand spectacle s’éternise en effet dans un road-movie piéton et mystique. Au scénario, Alex Alice ne parvient pas à renouveler les enjeux héroïques et piétine quelque peu dans ce registre emphatique. Ce délayage lui permet essentiellement d’élaguer son casting. Nos protagonistes accumulent en effet les étapes hostiles, passent de 7 à 6, puis de 6 à 5, puis… de fil en aiguille, il n’en reste plus que 2 à atteindre les sommets tibétains, assurément ce qu’il y a de plus proche de la voûte céleste. Devinez lesquels ? L’aventure offre néanmoins à Thimothée Montaigne de nous régaler de ses encrages réalistes de hauts vols. Côté décors, le dessinateur est aussi à l’aise pour les détails d’architecture, les temples majestueux, que pour rendre la jungle moite et étouffante. Pour le reste, ses personnages sont expressifs et admirablement rythmés et animés lors des scènes d’action. Notons que sur les dernières planches, l’album aboutit enfin à une nouvelle donne narrative : de quoi relancer l’intérêt pour ce cycle dans le prochain tome, prévu pour 2014…