L'histoire :
Dans sa chambre d’hôtel de Buenos Aires, par une nuit calme, Rachel Wiezman s’éveille en sursaut d’un cauchemar. Comme une sale prémonition, elle y a vu Jack, avec lequel elle doit se marier le lendemain, en fâcheuse posture lors de sa traversée aéropostale des Andes. Jack est en effet un des téméraires pionniers qui effectue régulièrement la traversée de l’Amérique du Sud pour convoyer le courrier d’un rivage à l’autre du continent. Rachel téléphone au QG de l’Aéropostale : Jack n’est toujours pas arrivé. Elle se ronge les sangs. Pendant ce temps, l’expérimenté Jack est effectivement dans une situation délicate. Il est tombé dans une violente tempête de neige, qui l’a obligé à se poser en catastrophe en bordure du Laguna Diamante (un lac au pied du Maipù) avec une visibilité proche du néant. Frigorifié, il s’est activé pour dégager son appareil et il a mesuré la taille de sa « piste » de fortune… Il n’aurait sans doute pas dû quitter son appareil des yeux : il manque se perdre dans la tempête. Lors d’une accalmie, il constate que pour redécoller, il lui faut s’alléger de ses sacs de courrier. Il va jusqu’à les brûler, afin de faire fondre l’eau gelée, nécessaire au radiateur du zinc. Pendant ce temps, Rachel, elle-même pilote de voltige aérienne, n’y tient plus de n’avoir aucune nouvelle. Elle se rend au QG et se frotte à l’inflexible patron de Jack…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Attention, cet épais one-shot de moyen-petit format est une pépite-surprise. Pour cette histoire s’intéressant aux pionniers de l’Aéropostale en Amérique du sud, le scénariste Christian Perrissin s’est inspiré de l’aventure réelle d’Henri Guillaumet. L’appareil de cet authentique héros de l’aviation s’écrasa effectivement au Laguna Diamante en juin 1930, en raison d’une météo andine capricieuse. Rescapé, le courageux a marché pendant cinq jours pour rejoindre un village, motivé par l’amour qu’il portait à sa femme, tandis que son ami Saint-Exupéry volait à son secours. Le vent des cimes reprend tous les ingrédients de cette anecdote légendaire, le complétant de moult apports romanesques. Ici l’épouse est aussi aviatrice et vole elle-même au secours de son aimé pour lui apprendre qu’elle est enceinte. Le lecteur trouvera donc une double raison de se mettre le palpitant en émoi : d’une part, l’histoire d’amour est magnifique et bouleversante ; d’autre part le bouquin a beau être épais de 181 planches (moyen format), il se dévore littéralement, tant la narration est efficace… Gage d’une franche réussite ! Notons que le découpage aéré mais dense s’adapte aussi parfaitement à ce format atypique. Eric Buche a été bien inspiré d’abandonner un temps son traditionnel registre jeunesse : son dessin semi-réaliste souple et dynamique adoucit le tragique des situations, quant à sa colorisation sobre et légèrement pastel, elle se fond à merveille dans la romance. A ne pas louper !
