L'histoire :
Ete 1270. Des émissaires royaux sont à Crozenc pour prélever la capitation, un impôt exceptionnel destiné à financer la croisade du roi Louis en Terre Sainte. 10 000 deniers sont ainsi demandés au vieux seigneur Hugues, dont les coffres sont vides et dont la paysannerie peine à se remettre d'une terrible disette. Or s'il ne réunit pas rapidement la somme, ses terres lui seront purement confisquées. Son épouse, dame Nolwenn lui propose donc de vendre les bijoux qu'il lui avait rapportés de sa captivité, des joyaux restés à Cuzion. Hugues et Nolwenn entreprennent donc le voyage en couple, un périple à cheval de 2 jours tumultueux, étant donné que les bijoux attiseront quelques convoitises. Pendant ce temps, leur fils Sigwald combat en Terre Sainte aux côtés des templiers. Il sympathise avec l'un d'entre eux, Frère Guibert, auquel il retrace les circonstances qui l'ont amené ici. Il explique entre autre qu'il rechigne à prononcer ses voeux et entrer dans les ordres. Puis, ayant eu vent d'une rumeur concernant la santé du roi, Sigwald lui demande une audience. Mais on lui refuse, car le roi serait effectivement « fatigué »... On parle d'une eau contaminée qui ferait plus de victimes que les arabis eux-mêmes ! Guibert s'aperçoit alors qu'ils sont espionnés par un « poulain » sensé être allié (descendant des premiers croisés, fondu parmi les autochtones). Ils l'attrapent et l'emprisonnent, en espérant que la faiblesse du roi n'ait pas déjà fuité dans les rangs ennemis...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Arrivés au tome 25 de cette saga familiale et médiévale au long cours, le seigneur Hugues n'en finit plus de vieillir, Dame Nolwenn demeure revêche et c'est le fiston Sigwald qui reprend le flambeau des croisades. L'évènement le plus notable vient donc de l'agrandissement du format d'édition : les petites tailles de la collection Vécu auraient-elles... vécu ? Pour le reste, les aventures moyenâgeuses de la famille de Crozenc ne récupèrent guère de souffle épique, notamment en raison d'un rythme narratif mou et superficiel. Ici, deux trames s'alternent néanmoins. D'une part, Hugues et Nolwenn partent à Cuzion récupérer des bijoux pour se soulager d'une redoutable pression fiscale. Les risques de leur petit voyage plan-plan en amoureux sont cousus de fil blanc... et ressemblent à un prétexte pour permettre à l'autre fil rouge de respirer. Car d'autre part, Sigwald combat aux croisades, en marge d'un fait historique authentique : la mort (elliptique) du roi Louis en Terre Sainte, sans doute vaincu par une eau contaminée. Si ce drame royal signe la fin de la croisade (et la victoire des mahométans), il ne sert pas directement l'intrigue, qui repose quant à elle sur la traque laborieuse d'un ennemi infiltré... et sur ses conséquences. Il semble qu'avec des personnages psychologiquement de plus en plus lisses et des aventures sans véritables aspérités, Michel Pierret cherche surtout à rajeunir son lectorat, tout en comptant sur une base fidèle de collectionneurs de la première heure. Le dessin se mécanise aussi, avec de moins en moins de profondeur et de caractère à chaque tome par rapport au précédent. Les personnages empruntent trop souvent des postures caricaturales (surtout dans les scènes d'action) et les décors vont généralement vers la facilité, avec des ciels en dégradés rose saumon (cf. la couverture).