L'histoire :
Au château de Crozenc, le seigneur Hugues vieillissant est bien malade. Les médecins se disent impuissants à le soigner. Dans ses délires, il semble obsédé par la promesse qu’il fit jadis à des templiers, concernant une relique – contenant la main du prophète ! – rapportée de Terre Sainte. Il l’a confiée dans un coffret aux moines de la commanderie de Villers, et aimerait aujourd’hui honorer sa promesse. Or, vu son état de faiblesse, c’est bien entendu impossible. Pour le soulager, son fils Sigwald et son épouse Nolwenn décide d’entreprendre le voyage. Pendant ce temps, le conte de Salignac se lance dans une fastidieuse tournée des domaines vassaux qui ont fait allégeance au Roi de France. Il lui faut en effet convaincre chacun de sacrifier quelques moyens humains pour grossir les rangs de l’Ost Royal, en vue de la nouvelle croisade en Terre Sainte que Saint Louis est sur le point d’annoncer. Or, la plupart des Seigneurs, qui se sont enrichis au cours de la précédente croisade, savent qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner dans le déploiement d’une nouvelle conquête. Aussi fomentent-ils un complot pour assassiner le souverain. Une jeune femme serait en charge de l’affaire : une innocente ménestrel, joueuse de luth douée, chercherait à empoisonner le roi. Et pour approcher le souverain, rien de tel que d’obtenir une lettre d’introduction signée du sceau d’Hugues de Crozenc…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nombre d’intrigues avaient été closes au précédent opus… restait encore en suspens la question de « la main du prophète ». En auteur complet, Michel Pierret, héritier de la saga médiévale, raccroche donc d’emblée le sujet, et livre finalement une intrigue divergente complète, en guise d’interlude. La problématique est amenée par la décision royale d’une nouvelle croisade (nous sommes toujours sous le règne de Louis IX, alias Saint Louis). Dans cette optique, se pose logiquement la nécessité du recrutement, et c’est là que se trouve le mobile d’une conspiration régicide : l’intrigue est posée, dans un contexte historique crédible, notre petit microcosme de héros n’a plus qu’à s’y greffer. Les personnages évoluent tout de même beaucoup dans ce volet : Hugues de Crozenc est moribond, c’est donc Sigwald (son fils) et Nolwenn (femme de Hugues) qui mèneront les débats. Nolwenn y perd aussi pas mal en prestige (ça faisait un bail qu’elle n’avait plus endossé le rôle du vilain petit canard !). Enfin, un second couteau, vieux routier de la série trouvera la mort, à un moment assez inattendu. Le dessin semble se mettre en place sans accroc (mais sans coup d’éclat non plus), sur une partition graphique bien rôdée : Pierret illustre la série depuis le tome 5. Ce 23e volet (ça ne nous rajeunit pas !) se laisse donc suivre sans déplaisir, même si le souffle épique des débuts et le charisme des personnages ne sont toujours pas revenus…