L'histoire :
Le seigneur Sigwald de Crozenc et sa nouvelle compagne Gisella sont montés jusque Paris pour tenter de faire libérer sa sœur Mahaut, embastillée dans l’attente de son jugement. Or en passant dans une rue, leur cheval s’emballe devant un vieil homme qui s’époumone à courir après son petit-fils turbulent. Sigwald ramasse le vieillard et le raccompagne chez lui. Il se prénomme Elie, il est juif et il explique la persécution dont sa famille et son peuple souffrent – il doit, entre autre, arborer un rond jaune cousu sur la poitrine. Il monnaye néanmoins le gîte (pratique) et le couvert (pas terrible) au couple, le temps qu’ils règlent le problème Mahaut. Le lendemain, après un tourist-tour via la cathédrale Notre Dame, Sigwald et Gisella se rendent à la prison. Sigwald soudoie alors les geôliers, afin d’arriver jusqu’à la cellule de Mahaut. Il découvre sa sœur dans une bien fâcheuse situation. Elle a été torturée par le sénéchal Beaumarchais, soumise à la question et condamnée pour sorcellerie. C’est le bûcher qui l’attend désormais, d’un jour à l’autre. Sigwald ressort de là bouleversée. Il ne voit qu’une solution pour sauver sa sœur : intercéder auprès du roi Philippe le Hardi lui-même, d’accès très compliqué…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis la mort de Hugues, héros de la première époque de cette série emblématique de la collection Vécu de Glénat, la lignée des de Crozenc est quelque peu tourmentée. Le gentil fils Sigwald a en effet perdu la possession du château familial et sa sœur félonne Mahaut a été arrêtée. Ce 28ème tome va permettre de remettre un peu d’ordre dans cette situation désastreuse. Et pour la première fois, le contexte des aventures médiévales se déroule à Paris, où Sigwald tente d’intercéder auprès du roi. C’est l’occasion d’une parenthèse didactique sur Notre Dame, mais aussi sur la persécution des juifs très en avance sur la France vichyste : ils devaient déjà porter à l’époque une rouelle jaune distinctive cousue sur la poitrine (authentique !). En dehors de cette immersion plutôt profitable, le déroulé des évènements est hélas toujours très ampoulé et dénué d’aspérités. Les scènes d’action, notamment, sont mises en scène de manière superficielle (p19-21, quand Sigwald se bat et s’enfuit à 2 à l’heure). Mais encore la solution qui lui permet d’approcher le roi est cousue de fil blanc. Puis enfin, le dénouement providentiel et la résolution prodigieuse de tous les problèmes enfoncent le clou du marasme en matière de réalisme et de psychologie des personnages. Quel dommage, car l’auteur complet Michel Pierret fait montre d’un réel souci de reconstitution historique dans ses cases, ses monuments et ses costumes, dessinés selon un style extrêmement clair et coloré (trop propret ?), dans l’optique d’un accès grand-public (à une scène viol près…). Le prochain épisode nous fera revenir à Crozenc ; espérons que cela s’accompagne d’une âpreté graphique et narrative plus en phase avec la « rustralité » des mœurs médiévales…