L'histoire :
En septembre 1272, de retour de croisades, Sigwald de Crozenc apprend de terribles nouvelles. Son père Hugues et sa mère Nolween ont disparus dans les eaux d’une rivière en furie, certainement noyés. Les émissaires royaux venus réclamer l’impôt ont donc saisi le château… Lui et sa sœur Mahaut ne possèdent plus rien. Sigwald s’en va donc trouver le gîte pour quelques semaines chez Mahaut, qui vit à Toulouse avec son mari Jehan. Il y découvre que la situation de Mahaut n’est guère plus brillante. Son époux peine dans son apprentissage et elle a un amant appelé Raimon Castenet. Ce puissant et riche commerçant de la ville est également capitoul (il siège à de hautes fonctions municipales). Déçu par sa sœur, Sigwald réfléchit donc pour s’enrôle dans un groupe de mercenaires aux ordres du nouveau sénéchal nommé par le roi. Il s’agit en effet de venger une récente tuerie perpétrée à Sompuy par le comte de Foix. Il sauve tout de même sa sœur d’une mystérieuse agression nocturne et se fait par là-même un ennemi mortel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après 25 tomes, la série d’aventures médiévales Les aigles Décapitées entamerait-elle enfin un virage contextuel important ? Dans les dernières pages du tome précédents, qui se déroulait sous les latitudes proche-orientales, le couple de héros disparaissait en effet dans les eaux déchaînées d’une rivière. Or ce tome reprend en entérinant d’emblée la nouvelle situation : ils sont morts, le château de Crozenc redevient propriété royale, le héros héritier Sigwald repart donc de zéro, la narration sur ses épaules. Hélas le virage narratif espéré n’est quant à lui pas à l’ordre du jour : ses aventures demeurent mo-molles et cousues de fil blanc. Aux côtés de sa sœur Mahaut, à laquelle un adultère étriqué fait grandement perdre de sa superbe, il évite un empoisonnement sur un malentendu… Puis il s’exile, balluchon sur le dos, brouillé avec elle, pour embrasser un destin de mercenaire – vraisemblablement à l’assaut du comte de Foix, dans un prochain opus. Le faible souci porté à la psychologie des personnages ne permet pas de s’enthousiasmer ; le dessin, sérieux pour les décors mais impersonnel et « mécanique » pour les personnages, non plus. Il faut toutefois mettre au crédit de cet axe rafraîchi des focus renouvelés sur la vie médiévale : ici une attaque de château-fort, à grands renforts de catapultes, de béliers et de chaux bouillante ; là l’organisation administrative et mondaine d’une grande ville.