L'histoire :
Dans un palais au cœur de Venise, en 1958, le comte Von Möschtein reçoit un des membres du Kreis, un réseau nazi qui se développe depuis la fin de la guerre. Structuré, appuyé sur d'immenses moyens financiers, le groupe se prépare à faire renaître le troisième Reich, persuadé qu'Hitler n'est pas mort dans son bunker comme le dit l'histoire officielle. Depuis quelques jours, la rumeur enfle et semble confirmer que le führer est actuellement à Rome, dans un grand hôtel, sous le nom d'emprunt de Godingham. Le Kreis va alors y envoyer une groupe de soldats entraînés, sous les déguisements d'une fanfare bavaroise qui participe aux fêtes de la Nativité. Les services secrets américains ne sont évidemment pas en reste. Ils vont dépêcher dans la capitale italienne deux tueurs pour éliminer définitivement le monstrueux dictateur. La police italienne les accueille et les installe dans un appartement en face de l'hôtel en question. Impossible pour les services secrets soviétiques de rester à l'écart, et c'est en suivant leurs homologues français qu'ils vont se rapprocher du but, dans le train express Paris Rome. A son bord, Kaplan et Masson, qui en savent un petit peu plus sur cet Hitler vieillissant qui attire les espions du monde entier. Les forces convergent vers la ville italienne où une formidable machination va être dévoilée. Les vieilles rues de la capitale vont devenir le terrain d'affrontements spectaculaires.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce deuxième tome de la série, Jean-Christophe Thibert prend seul les commandes des aventures des deux collègues français, homologues semi-parodiques et survitaminés de Blake et Mortimer. Ils sont aux deux héros classiques de Jacobs ce qu'OSS 117 est à James Bond : une version décalée, mais néanmoins spectaculaire, qui respecte les codes du genre avec application. Thibert développe un pitch accrocheur développé avec Didier Convard, autour d'un Hitler qui aurait survécu à l'attaque de son bunker. Nous nous garderons de dévoiler ici l'habile ressort de cette idée faussement prévisible, qui crédibilise d'entrée de jeu ce nouveau scénario. L'album nous entraîne très rapidement dans une suite de confrontations qui voient les espions du monde entier s'opposer, se percuter, se tendre des pièges, tout en essayant de mettre la main sur le fameux Godingham et le puissant réseau des survivants nazis du Kreis. L'auteur démontre une nouvelle fois son formidable talent de dessinateur à la ligne claire spectaculaire, et s'inscrit comme un successeur à la fois d'EP Jacobs et de Ted Benoit. Il réunit dans ses planches pleines de détails ciselés la modernité de personnages dynamiques et la précision du trait qui le relie aux plus grands du genre. L'humour omniprésent se reflète aussi bien dans les situations que sur les visages des personnages exagérément expressifs, mais dans un choix assumé qui n'empêche jamais l'intrigue de progresser. Les voitures renversées aux capots ouverts ou la course poursuite dans les wagons du train sont un régal de lisibilité. Il faudra néanmoins accepter l'absence de sérieux et la petite dose d'irrespect qui traverse cet album pour en apprécier la réalisation. Et être capable de patienter longuement entre deux albums patiemment réalisés, sans toutefois attendre les six ans qui ont passé depuis un premier tome très réussi.