L'histoire :
Le mercredi 28 septembre 2016, l’avion de Kim Kardashian se pose à l’aéroport du Bourget. La star twitte aussitôt qu’elle et sa « suite » sont bien arrivés à Paris, « quelle ville romantique ». Dans l’intervalle qui la sépare d’un taxi, elle est la cible de centaines de paparazzis. Ailleurs, au même moment, de vieux truands se retrouvent devant une bière sur le zinc d’un troquet. Ils évoquent une juteuse affaire en préparation, dans l’idée de braquer les bijoux de cette star dans son hôtel. Kim Kardashian est venue en France pour la fashion week, sans son mari Kayne West, qui est en pleine tournée de concerts aux USA. A la tête de l’opération, Aomar Ait Kacem, dit « le Vieux », s’est associé à Yanis Habbache, dit « Palpitant », mais aussi à « Yeux bleus », « Nez râpé » et « le Gros ». Ils semblent rodés, expérimentés et décidés. Quasiment une routine. Les défilés de mode s’enchainent, et la presse people se déchaine. A chaque fois que Kim Kardashian débarque, les smartphones se brandissent et le petit monde de la mode glose. Selon Anna Wintour, « elle est la pire chose depuis les sandales-chaussettes ». « Elle transforme le vide en buzz, et le buzz en dollars. Son meilleur produit, c’est elle ». Dans la nuit du 2 au 3 octobre, Kim Kardashian publie un dernier tweet avant de se coucher. Elle est seule dans sa chambre d’hôtel. Les truands se mettent en action…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En octobre 2016, lors de son passage à Paris à l’occasion de la fashion week, la star des réseaux sociaux Kim Kardashian se faisait braquer ses bijoux dans sa chambre d’hôtel. Préjudice subi : plus de 9 millions d’euros, le plus important vol contre un particulier en France depuis 20 ans. On suppose qu’on ne vous apprend rien : à l’époque, le buzz a été retentissant dans les médias et la twittosphère. La suite est moins connue, car la fenêtre médiatique s’est vite refermée… C’est toute cette affaire qui est ici précisément racontée en BD, sous un jour a priori authentique. Les auteurs précisent en préambule que tous les faits sont vrais. Seuls les noms des enquêteurs et des suspects ont été modifiés, pour préserver respectivement leur anonymat et leur présomption d’innocence : le procès ne se tiendra qu’en 2020. Les journalistes Julien Dumond et François Vignolle n’ont pas eu besoin de forcer énormément leur talent pour le scénario, car les tenants de l’affaire sont en eux-mêmes truculents. « La » Kardashian s’est réellement faite braquer par des vétérans du grand banditisme, à l’ancienne, de manière basique et en vélo. Il n’y a que dans la réalité vraie qu’un choc des cultures aussi improbable est possible. Malgré un trait de dessin moderne et rapide, la mise en scène et le découpage de Grégory Mardon permettent une narration très immersive, souvent visuelle. En 5 chapitres ouverts par des répliques cultes mais authentiques (dignes des dialogues d’Audiard !) plus un épilogue, on suit le contexte, le braquo, la fuite, l’enquête de police minutieuse, l’arrestation des truands et leur interrogatoire. Un pur polar à la française, aussi palpitant qu’un épisode d’Engrenage.