L'histoire :
En 1960, Fanch Gloaguen s’est modernisé. Il a acheté une pinasse, qui peut pratiquer toutes les pêches et sortir toute l’année. Les hommes du bord peuvent y dormir et elle est pourvue d’électricité. Son père Jos lui conseille alors de recruter un nouvel équipage expérimenté, afin d’accroître sa vigilance, car en mer, un accident est si vite arrivé… C’est ainsi que le marin pêcheur rencontre deux hommes surnommés « les compagnons de Christophe Colomb », alias le « Ruz » et « l’Indien », d’ordinaire saisonniers pour la pêche au thon. Ces derniers conditionnent leur recrutement à l’achat d’un sondeur, afin de moderniser encore plus la technique de pêche et démultiplier le rendement. Jos ne voit pas d’un bon œil l’achat de ce radar des fonds marins, qui a la réputation – infondée – de chasser les sardines. Jos se laisse tenter. Quelques semaines plus tard, Fanch et les compagnons de Christophe Colomb font ainsi des pêches miraculeuses, et sans avoir besoin de jeter la moindre rogue par-dessus bord. Or cette réussite fait des envieux. Tous ses concurrents se procurent dès lors des sondeurs. Jos persiste à craindre le pire : à force de pêcher à outrance, il n’y aura bientôt plus de sardines dans la baie de Douarnenez ! Sans compter qu’à terre, l’offre pléthorique ne décuple pas pour autant la demande. Fanch décide de convoquer le parlement sardinier pour forcer les conserveurs à augmenter leurs achats. Mais une autre menace se profile déjà : la concurrence de la sardine congelée en provenance du Maroc…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire des pêcheurs de sardines de Douarnenez se termine avec ce huitième tome, qui nous fait définitivement entrer dans l’ère de la modernité. Il faut croire que le souffle romanesque et le caractère épique de cette organisation proche du « communisme sardinier » disparaissent après la révolution industrielle et commerciale des années 60. En tout cas, Jean-Claude Boulard s’est arrêté là, lorsqu’il a publié son roman en 1991, duquel est adaptée cette version BD. Feu cet écrivain, également homme politique, connaissait bien les dures conditions de vie des pêcheurs et leurs combats contre la précarité : radical socialiste, il a notamment travaillé sur la création du RMI. Dans ce tome 8, l’adaptation de François Debois revient essentiellement sur les avantages et les inconvénients des dernières techniques de pêches. Après la bolinche abordée au précédent tome, il nous présente les conflits autours des sondeurs (des radars qui repèrent les bancs de sardines sous l’eau) puis de la pêche pélagique (avec des filets qui attrapent beaucoup, mais surtout un peu tout et n’importe quoi, sans distinction). Or quête d’abondance ne rime pas forcément avec opulence. Lorsque la sardine abonde, les prix s’effondrent. Les préoccupations sont ici d’ordre économique et familiales et peut-être un chouya moins prégnantes que sur les précédents volumes. Or le dessin de Serge Fino a tendance a être aussi un poil moins convaincant (y-eut-il une forme d’essoufflement ?) ; tandis que les couleurs de Bruno Pradelle font un brin artificielles. L’épopée se montre néanmoins didactique pour nous expliciter la situation actuelle de surpêche et de destruction des environnements pour la reproduction de nombreuses espèces.