L'histoire de la série :
En 1589, la France est totalement divisée. Les forces papistes ont pris le pouvoir et la ville de Paris. En effet, Henri III a renié la foi catholique pour rejoindre Henri de Navarre. Le royaume est donc tiraillé entre les catholiques et les Huguenots. Les paysans souffrent de cette querelle politique et religieuse puisque leurs villages sont régulièrement pillés. Henri III décide de reprendre le pouvoir et assiège Paris, mais des moines complotent contre lui. Au milieu de ce bourbier, Gunther, un soldat allemand, va tenter de trouver sa place en cherchant l’aventure et la fortune.
L'histoire :
L’or blanc : Gunther et Pritz sont assaillis par le froid et l’hiver. Alors que Face-de-Suie marche à leur coté, ils ont du mal à affronter le rugueux hiver. Deux hommes suisses croisent le groupe épuisé et leur propose de les suivre pour trouver une auberge accueillante. Pendant le repas, leur hôte Jaromir propose aux Allemands une nouvelle aventure : un seigneur est mort et son fidèle bras droit a besoin d’armes et de poudre. En échange, il leur donnera la nouvelle richesse de la région : du sel en abondance.
Tschaggatta : Gunther, Pritz et la belle Malka font une longue route pour la Suisse afin de retrouver Jaromir. Alors qu’ils approchent du but, Malka avoue la vérité à Gunther : elle a un enfant, Anha, qu’elle a laissée au village. Elle ne pourra donc plus offrir son corps à Gunther puisque le père est Jaromir ! Pourtant, le retour de Malka ne se passe pas aussi bien que prévu…
La vierge : Gunther et Pritz suivent une troupe de Suisses et se dirigent vers le royaume de Langres. Pourtant, Gunther découvre que les soldats suisses ont acheté leur neutralité à la Ligue. Ecœurés, les deux lansquenets volent des chevaux et se séparent du groupe. En chemin, ils croisent un Huguenot mortellement blessé. Il porte une missive signée par la main du Roi…
L’herbe d’oubli : Gunther, Pritz et la fausse sœur Gervaise sont en route pour le Limousin. A l’intérieur des terres, ils font connaissance de la belle Marion. Gunther, troublé par sa beauté, ne se méfie plus de Gervaise. Celle-ci en profite pour voler la bourse du lansquenet, mais Pritz s’est montré plus prudent et il a caché sa part. Gunther comprend trop tard que Gervaise les a doublés et s’est enfuie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La deuxième intégrale des Chemins de Malefosse marque un changement dans la série. Après un cycle autour des guerres de religion et du siège de Paris, nos héros allemands errent en France pour y chercher l’aventure et la fortune. Le schéma est sensiblement le même : le début présente les lieux et son contexte historique, puis apparaissent nos héros désœuvrés qui vont se lancer dans des missions toujours plus périlleuses. L’intégrale a aussi la particularité de rapprocher des tomes qui ont un point commun : la nouvelle fortune n’est plus l’or, mais le sel, ou encore une plante qui rend l’homme plus puissant pendant l’acte sexuel ! Une nouvelle façon de se faire facilement de l’argent tout en sillonnant le pays. Seul le tome 6 constitue une histoire à part où Gunther et Pritz vont tomber dans un terrible huis clôt dans un village enneigé et peu hospitalier. Les deux derniers tomes se suivent et annoncent un nouveau cycle qui permet de relancer l’alliance entre les lansquenets et Henri IV. On retrouve les points forts des tomes précédents avec notamment ce langage si particulier, propre au patois de l’époque. Pourtant, on sent que l’imagination de Bardet commence à faiblir. Ainsi, les histoires deviennent de moins en moins prenantes à mesure des épisodes. Loin de l’effroyable guerre de religion, les histoires ne sont plus que de basses intrigues pour quelques pièces d’or de plus. La tension est également beaucoup moins forte, chaque album étant ponctué d’interminables dialogues entre les protagonistes. Bardet soigne ses effets en rajoutant une série de personnages tous plus effroyables les uns que les autres et une galerie de femmes faciles et fascinantes : même les femmes de bure n’ont guère froid aux yeux (et au reste). Cependant, le ton toujours plus grivois et la peinture crasse de la nature humaine finit par lasser, tant le tableau est détestable. Même Gunther et Pritz ont peu de relief, mise à part leur volonté farouche de s’encanailler librement. Comme un symbole du manque de crédibilité de l’ensemble, les derniers épisodes narrent la lutte acharnée que se livrent des hommes pour récupérer le commerce de plantes aux vertus… sexuelles ! Le devenir de Face-de-Suie n’est pas non plus des plus réalistes. Le dessin de François Dermaut verse aussi dans la facilité. Seul le point de départ et le final de chaque album offre de belles planches avec des décors superbes. Le reste n’est que gros plan vides de détails et de vie. La série s’essouffle donc et se répète, malgré ses qualités.