L'histoire :
Juillet 1779. Une cohorte de cavaliers espagnols emmenés par le gouverneur Anza fait halte dans un village d’indiens hopis dans le Nord-Ouest de l’actuel état d’Arizona. Implanté au nouveau monde depuis des années, Anza est fin diplomate, contrairement aux ecclésiastiques qui n’auraient aucun scrupule à soumettre ces autochtones arriérés par la force. Anza préfère l’intégration en douceur et l’alliance. Il sait qu’il va avoir besoin de cette tribu pour vaincre un ennemi plus puissant : les comanches. Les espagnols ont apporté des présents et ils acceptent de participer à une cérémonie rituelle, lors de laquelle les indiens dansent au son des tambours et montrent leur courage en prenant des crotales vivants entre leurs dents. La troupe espagnole passe la nuit au sein du village et repart le lendemain vers Sante Fe. Le sergent El Chato reçoit quant à lui pour mission de rejoindre une tribu de guerriers utes afin de leur offrir des titres de propriété – c’est malin… pour des terres qui leur appartiennent déjà ! – contre leur participation à la grande alliance contre les comanches. Le sergent – alias Muviyehpap pour les utes – est lui aussi expérimenté. Il parvient à négocier alors même qu’il n’a rien à offrir. Or pendant ce temps, les comanches se préparent eux aussi à la guerre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Présentés comme un western, ces Dragons de la frontière s’apparentent en réalité à une peinture historique à l’époque des premières guerres indiennes. Donc un western avec des tribus indiennes qui s’entretuent entre elles, certes, mais aussi des espagnols en face (et non des « cow-boys »). Le harnachement de ces « cuerudos » (avec beaucoup de cuir et une longue lance) était typique de la conquête évangélisatrice de ces territoires, qui couvrent aujourd’hui le Colorado, le Nouveau Mexique et le Texas. Pour les fanas de véracité historique, le scénariste ibérique Gregorio Muro Harriet ponctue son aventure de nombreuses petites notes didactiques de bas de page. Harriet conserve néanmoins la dimension romanesque et épique, afin de « transporter » le lecteur. Ce second et dernier opus prend pour contexte l’année 1779. Il est ici essentiellement question de l’alliance entre les « dragons » espagnols, les tribus hopis et apaches, contre les guerriers comanches – dont la coiffe du chef Cuerno Verde est conservée au Vatican ! Le dessinateur Ivan Gil va quant à lui chercher son matériel documentaire quelques années en arrière par rapport à ses fabuleuses retranscriptions des batailles napoléoniennes (La bataille, Berezina, 1809-1815) et il change de continent. Néanmoins, son travail n’y perd rien en matière de souffle martial et de précision. Les vastes et arides paysages remplacent juste les neiges de l’Europe centrale, mais les confrontations de cavaleries sont impressionnantes de détails et de réalisme.