L'histoire :
Harold, un jeune lord anglais de bonne famille, endosse un matin son costume de gendarme, à la surprise du personnel de maison qui s'occupe de la famille depuis des générations. En effet, le jeune homme a décidé de s'engager aux côtés des forces de l'ordre londoniennes, et pas de n'importe quelle manière, puisqu'il se porte volontaire pour intégrer le commissariat de Blackchurch. Même le fiacre qui doit l'emmener sur place s'arrête avant le quartier en question. Il faut dire que cette partie de la ville a la réputation d'être totalement infréquentable, une zone de non-droit où la loi ne s'exerce pas. Son arrivée ne passe pas inaperçue, son chien Hermes se faisant remarquer dans un pub qui a tout l'air de servir de QG à la pègre locale. Sa première sortie sera pour constater la mort d'un homme dont la foule dit qu'il s'est jeté du toit, alors que sa gorge porte des traces évidentes d'un meurtre à l'arme blanche. Ses collègues n'ont pas vraiment l'intention de faire des vagues, mais le jeune homme apparemment insouciant compte bien creuser l'affaire, à la grande surprise de deux femmes croisées au pub, et qui semblent avoir la main-mise sur les sombres ruelles des environs. Dans un vieux livre qu'il conserve près de lui dans son manoir, Harold trouve les raisons de son engagement particulier. Pendant ce temps, le connétable de la tour de Londres sollicite une entrevue avec la reine pour un projet de transformation de Blackchurch.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce nouveau projet en commun, Philippe Charlot et Xavier Fourquemin continuent dans le style qu'on leur connait depuis Le Train des Orphelins (chez Bamboo Grand Angle). Une approche grand-public teintée d'humour, sur un fond historique marqué, incarné ici par les quartiers pauvres de l'Angleterre victorienne. Mais même s'ils sont des partenaires confirmés, on reste surpris par certaines légèretés de narration et la manière dont les deux auteurs enchaînent les scènes. La première page de l'album en est un exemple criant, dont les premières cases sont emblématiques de nombreux instants dans l'album où on se demande pourquoi on nous montre ce qu'on nous montre. Le moment qui semble mystérieux avec ce majordome et sa chandelle qui descend lentement les escaliers est juste la présentation d'un personnage, dont il s'avère qu'il n'aura pas encore dans cet album une importance capitale. « Ah bon », se dit-on, en passant à la suite. Il faut du temps pour comprendre que le ton de la série sera probablement de dévoiler à travers Harold des enjeux bien moins innocents que celui qui les porte, et de raccrocher les morceaux de trois éléments d'intrigue ouverts dans ce premier épisode. Comme toujours, le dessin de Fourquemin est séduisant : une association dynamique de traits nerveux et de couleurs chaudes, qu'il réalise lui-même. Visuellement agréable, ce début de série pêche par manque de densité et un story-board un peu relâché. Les protagonistes sont cela dit prometteurs mais à ce stade survolés, à l'exception du chien Hermès qui ne manque pas une occasion de faire parler de lui.