L'histoire :
Tout Varsovie est en deuil : celui qu’on appelle « l’apothicaire » est mort. Privé de l’usage de ses yeux et de ses mains à la suite d’un accident, cet illustre savant était à l’origine d’une invention géniale et drôlement pratique pour un aveugle qui ne peut lire en braille. Il avait trouvé un moyen de convertir les locutions phraséologiques en composés chimiques, de manière à pouvoir transformer les livres en boisson ! Depuis, il suffit de boire un ouvrage pour en connaître le contenu. Nul ne sait ce qui l’a tué. Surdose de littérature ? Mélange de deux livres antinomiques ? Son ami Otto, détective privé, sait juste qu’il participait à un projet gouvernemental qui visait à ajouter les pages jaunes à l’eau du robinet. De retour chez lui, Otto est dérangé par Noël, un vieil homme qui vient recourir à ses services. Son frère Léon a été retrouvé mort, les yeux d’un bleu azur, certainement assassiné. Noël désire connaître la manière dont Léon est mort, pour pouvoir mourir dans les mêmes conditions. Otto se lance dans cette enquête, tandis que se déroule le grand concours médiatique : « Découvre le sens de la vie »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis 2003, Arte et les éditions Glénat organisent un concours européen de BD, récompensant tout auteur n’ayant jamais été publié, par l’édition de son œuvre originale. Cette année (2004), la surprise vient de deux polonais dont la première réalisation se détache surtout par une grande maturité graphique et narrative. Dans ce premier coup de maître, l’ambiance inédite et insolite se révèle un personnage à part entière, par rapport au détective Otto, plutôt effacé. Ce dernier répond aux critères de l’anti-héros : dépressif, les yeux en permanence cerclés de noir, un rat pour unique compagnon... Une joie de vivre que ne favorise pas la décoration soviétique de son appartement, dans lequel s’amoncellent les couvre-chefs, et dont il n’entre et ne sort que par une bouche d’égout. Vous l’aurez compris, un humour cynique et original se détache fortement de cette histoire, dans laquelle les objets ont une fâcheuse tendance à tomber dans les WC (!). Une ambiance urbaine et dépouillée, un détective léthargique mais compétent, une enquête bizarroïde sur une demande incongrue, un dénouement pour le moins surprenant… Tel un OVNI un peu trop court (32 planches), ce récit reste néanmoins très enthousiasmant !