L'histoire :
Commanditée par le « Ministère de la Culture à Varsovie », une étrange exhumation a lieu dans un cimetière parisien. Le lendemain, le détective Otto seul (son rat Watson est en vacances) aide son voisin de palier à retrouver sa montre à gousset. Puis, alors que les deux hommes traversent la ville, le voisin fait un constat édifiant : le marché de l’édition littéraire se tourne de plus en plus vers des récits d’épouvante, bon marché, au détriment d’une littérature romantique de qualité. Otto en profite pour revenir sur la découverte du défunt apothicaire, un savant marginal qui avait découvert le moyen de transformer les livres en liquide. Depuis sa mort, il n’est plus possible d’absorber l’intégralité du contenu d’un ouvrage rien qu’en buvant l’essence qui en était tiré. Le soir même, le Ministère de la Culture annonce une curieuse découverte à la télé : à l’aide du « ressusciteur », un appareil que l’on place sur la nuque des cadavres, il est possible de récupérer la substantifique moelle des artistes défunts…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rappel des évènements : le premier tome de cette série permit aux auteurs d’être les lauréats du prix Arte/Glénat 2005. Leur histoire de machine qui transforme les livres en boisson était alors pétillante d’imagination, et l’atmosphère baroque qu’ils insufflaient était relativement originale. Ici, ils tentent de retrouver ce ton décalé en poursuivant la recette du polar fantastique mâtiné d’étrange, dans la Pologne de l’ancien régime… en vain. En fait, plutôt qu’extravagantes, cette nouvelle enquête est surtout très hermétique. Néanmoins, on comprend vaguement qu’il est question d’une métaphore vampirique sensée illustrer le marché de l’édition actuel : les histoires d’aujourd’hui donnent volontiers dans l’hémoglobine ou le spectaculaire, au détriment du romantisme. On se console en s’immergeant dans une ambiance unique, grâce notamment à quelques cases qui restent longtemps en mémoire : par exemple, les radiateurs au-dessus des portes ou cette piscine vidée de son eau dans laquelle les maîtres organisent leurs rituels. La touche graphique du dessinateur Krystof Gawronkiewicz (qui aurait franchement pu prendre un pseudo !) est toutefois unique. A l’aide d’un trait « artistique », un style bien à lui, il anime des personnages tourmentés aux yeux cernés de noir dans des décors sordides… L’ambiance visuelle colle en tous cas à merveille avec le titre et l’intention.