L'histoire :
Ce 3 mai 1935, c'est au mariage d'une des clientes de l'agence matrimoniale new-yorkaise tenue par Lenni et Mona, que l'inspecteur Trick vient interroger Lenni, sur le meurtre récent d'une autre cliente, Mary Beale. La victime était en effet en possession de la carte de visite de l'agence Aphrodite... or réciproquement, sans explication cartésienne, Lenni conserve aussi une photo de Mary sur elle. Lenni conduit alors l'inspecteur en voiture jusqu'à son bureau totalement enfumé par la fumée des cigarettes de son associée, Mona. Le flic pose des questions intimes à Lenni et apprend qu'elle et son associée sont deux anciennes orphelines, élevées depuis leur enfance par une nonne, Soeur Assunta. Il montre également des photos de la scène de crime, sur lesquelles Mary Beale porte des boucles d'oreilles représentant une carte à jouer : la dame de coeur. Lenni ressent alors le besoin d'aller interroger Soeur Assunta, qui l'a jadis recueillie. La vieille religieuse lui avoue qu'une carte se trouvait dans ses langes lorsqu'elle l'a recueillie bébé. Lenni découvre qu'il s'agissait de la dame de pique. Plus tard, alors que les deux associées d'Aphrodite s'entrainent à leur club de tennis, elles sont contactées par un certain John Abbot, qui cherche des escort-girls. Mais l'homme a tellement l'air suspect, qu'elles le prennent en filature et découvrent qu'il s'agit en réalité du père adoptif de Mary Beale...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce polar de la collection Bulle noire met en scène des investigateurs originaux, puisque l'Aphrodite dont il est question est le nom d'une agence matrimoniale. Dans les années 30 américaines, les jeunes, modernes et perspicaces jeunes femmes qui ont créé cette agence, Lenni et Mona seront les héroïnes de cette trilogie qui forme une seule et même grande enquête familiale (la série a été arrêtée en 2003). La problématique centrale découle d'un meurtre et d'une carte à jouer, un indice récurrent qui hantera le reste des investigations (d'où le titre). Un inspecteur de police enquête et suspecte vite que les origines de Lenni sont liées à ce crime... bientôt suivi d'autres macabres exactions. Corinne Jamar propose le premier tome de sa première série BD selon une narration décalée, souvent à contretemps, pas toujours évidente à suivre. Complexe, l'affaire convoque de nombreux protagonistes, s'étaye de secrets enfouis et évolue vers le registre ésotérique. Sans doute l'intrigue y aurait-elle gagné en limpidité, en étant mieux balisée... mais on y aurait perdu au passage le petit charme du mystère : ainsi construits, les rebondissements empruntent toujours des voies inattendues. Cette ambiance de polar se trouve renforcée par le traitement graphique ad hoc d'André Taymans. Proche de la ligne claire, son trait encré et soigné peut être comparé à celui des Blake et Mortimer, célèbre duo du 9ème art auquel le dessinateur tient visiblement à être rapproché (on les croise dans le décor à plusieurs reprises). Rendez-vous est donné sur l'île de Cuba pour en savoir plus dans le prochain tome...