L'histoire :
L’été 1557, la ville picarde de Saint-Quentin est assiégée par les troupes espagnoles de Philippe II, emmenées par Emmanuel-Philibert de Savoie. Les vivres ne vont pas tarder à manquer et les réserves de poudre sont quasi vides. Sur le point de capituler, l’amiral Gaspard de Coligny, chargé de la défense de la ville, appelle à la rescousse son oncle, le connétable de Montmorency. Hélas, ce dernier est un piètre stratège doublé d’un orgueilleux. Il se fait capturer… Dès lors, on s’en va quérir les troupes du Duc de Guise, qui assiègent Naples. Celui-ci se délecte de cette demande, car son prestige en sortira forcément grandi. Mais c’est trop tard : Saint Quentin tombe, la ville est pillée, c’est un carnage. Le roi français Henri II va devoir faire des concessions aux espagnols. En marge de ces affaires géopolitiques, Arnaud de Boissac, un gentilhomme désargenté, accepte d’accompagner son ami imprimeur Denis Fabre à une soirée du culte réformé, dans une cave parisienne. Hélas, le manège de ces deux hommes aux allures de conspirateurs est repéré par des curés délateurs. Ces derniers alertent aussitôt une pluie de voisins catholiques vigilants, qui viennent débusquer les protestants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La « Renaissance » n’est pas seulement ce mouvement de renouveau artistique et culturel qui fait encore aujourd’hui l’attrait touristique de la France. A l’instar des fanatiques de Daesh au XXIème siècle concernant l'Islam, ce fut aussi une époque où on ne rigolait pas avec la religion catholique. La conversion à l’Eglise réformée de Luther et Calvin était considérée comme une hérésie, passible de tortures et de mort. Le pouvoir religieux dominait très largement celui des rois. En s’intéressant à la terrible guerre civile qui opposa les catholiques et les protestants, le scénariste Philippe Richelle ne quitte donc pas vraiment les affaires politiques, même s’il remonte de quelques siècles par rapport à ses Mystères de la République. Il s’associe ici à Pierre Wachs, qui lui, ne quitte pas tout à fait non plus les complots ésotériques façon Triangle secret. Les 6 premières pages plantent le contexte géopolitique authentique, pour lequel le joli trombinoscope des grands de ce monde en pages de garde sera bien utile. Puis nous suivons la mésaventure instructive et fictive d’un gentilhomme désargenté, Arnaud de Boissac, qui a le malheur de s’intéresser – pas se convertir ! – au culte réformé. Fin bretteur, fidèle en amitié et ouvert d’esprit : il incarne donc un héros attachant. Ce biais s’avère magnifiquement rythmé et documenté pour partager les affres du conflit religieux. A travers un contexte tout à fait crédible, des décors riches et soignés, des personnages en costumes – Wachs livre peut-être son œuvre la plus aboutie ! – on y frémit sous les séances de torture appelées la « question », les méthodes d’extorsion scandaleuses des curés ou les buchers publics…