L'histoire :
1788. Venus de Châtellerault, Étienne et François Rochebrune, fondeurs de cloches itinérants, s’occupent du nouveau carillon de l’Église Saint-Jacques. La rivalité entre les deux frères est telle que, lorsqu’Étienne est emporté par une inondation, François ne daigne pas lui prêter main forte. Étienne emporte avec lui le secret d’un codex en latin qu’il a recopié sur un carnet, caché dans un lieu secret. François se fait passer pour Étienne et peut épouser Rosaline Rambaud, la fille d’un riche propriétaire de la région. Avec elle, il a 4 enfants : Delphine, François, Marie et Baptiste. Mars 1815. Étienne se trouve avec son fils François à Avallon pour renouveler quelques cloches de la collégiale Saint-Lazare. Bourdut, un des hommes d’Étienne, arrive à bride abattue : il vient lui annoncer qu’il a peut-être retrouvé son frère disparu. Il s’agit d’un homme de 45 ans, amnésique depuis 25 ans, retrouvé jadis dans la forêt. Il vit depuis dans le Couvent des Augustins à Maillac, près de Montmorillon. Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là pour Étienne. Un soldat de la garde impériale de Napoléon vient en effet lui demander le bronze des cloches qu’il est en train de fabriquer pour réaliser des canons et des fusils…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Étienne et François sont deux frères que tout oppose. L’un est plus réfléchi, désireux de nourrir son intellect avec de la littérature. L’autre est plus sanguin. Ils sont réunis par la tradition familiale de Maîtres-saintiers. Mais l’un des deux est en trop. Quand l’opportunité se présente à François d’éliminer Étienne, il la saisit au vol et, d’une pierre deux coups, prend sa place auprès de l’élue de son cœur. On pense au mythe d’Abel et de Caïn. François devenu Étienne porte sur lui le poids de la culpabilité. Laurent-Frédéric Bollée réussit à nous captiver avec cette histoire de vengeance, n’hésitant pas à basculer dans la cruauté et la froideur (ce qui tranche avec les sagas habituelles). Il pose son intrigue pierre après pierre, en trouvant un point d’équilibre entre la tradition familiale de maître-saintiers, le thème de la vengeance et la dimension ésotérique (l’emplacement du tombeau de la mère de Jésus en Britannia). L’efficacité de ses phrases se ressent notamment dans la confrontation entre les deux frères. Les mots sont justes et bien choisis, s’enchaînant parfaitement au fil des pages. Le trait classique et élégant de Serge Fino offre des planches de toute beauté, sublimé par les couleurs sombres et denses de Zuzanna Zielinska. La saga des Maîtres-Saintiers est belle et bien lancée, dans la lignée de ses illustres prédécesseurs les Maîtres de l’Orge ou du Triangle Secret. Prochain épisode Bénie entre toutes les femmes, 1884…