L'histoire :
Novembre 1954, Vincent débarque à Marseille avec son baluchon de marin sur l’épaule. Il est de retour de service en Indochine et se présente à Mario, un petit parrain de la pègre. Il montre une statuette comme garantie, de la part de Robert le Roux. Il réclame un soutien logistique pour l’assassinat du commissaire Doroff. Le crime sera perpétré le soir-même : Doroff sera froidement abattu au révolver sur le palier de son commissariat. Le lendemain soir, Vincent est déjà à Paris, où il recontacte son frère Natale, propriétaire de cabarets. Ça tombe bien, Natale s’apprête à signer l’achat d’une nouvelle boîte, L’ange des maudits. Et il propose à Vincent de s’en occuper. Hélas, à peine le contrat d’achat est-il signé, qu’un commando canarde Vincent et Natale devant l’entrée des artistes. Natale en réchappe grâce à un clochard suicidaire qui se jette devant lui pour prendre les balles à sa place. Vincent meurt sur le coup. En bandit d’honneur, Natale décide de soigner le clodo, cet inconnu qui s’est providentiellement sacrifié pour le sauver. Avec ses hommes de main, il le conduit chez Criel, un « médecin-botaniste » qui s’occupe de ce genre de choses. Natale fait aussi torturer Fred, l’ancien propriétaire de L’ange des maudits, persuadé qu’il sait qui a commandité ce crime…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Souvent figurant pour le cinéma, parfois réalisateur de courts-métrages et de documentaires, Noël Simsolo est surtout scénariste de bandes dessinées depuis 2004. Avec son compère de Pornhollywood, le dessinateur Dominique Hé, il propose avec ces Miroirs du crime prévus en deux tomes une sorte d’hommage aux polars noirs des années 50. Des bandits d’honneur, le milieu de la pègre et des cabarets, des règlements de compte en cascade dans le milieu de la prostitution : le genre est bien balisé, le scénario tortueux au possible, mais finalement fluide à suivre. On pense aux « films d’hommes » de Jean-Pierre Melville (Le samuraï, Le cercle rouge…) ou aux romans de Léo Malet (Nestor Burma), deux références pleinement assumées puisqu’on croisera même ces auteurs dans des seconds rôles. Les crayons de Hé, toujours mâtinés d’une ligne claire proprette, correspondent admirablement au registre. Les berlines ont de la classe, le décorum est malsain, qu’il soit sordide ou clinquant. Il fait quasiment toujours nuit et il y a toujours des flaques d’eau dans la rue. Truands et policiers tirent tous de formidables gueules d’enterrement et dégainent aussi facilement leurs flingues que nous autres lecteurs nos mouchoirs. Dans ce contexte, on ne s’attache judicieusement pas trop aux personnages. Noir c’est noir.