L'histoire :
Le chargement d’un vol de la Swiss Air est dérobé à son atterrissage à l‘aéroport d’Orly. Les voleurs s’échappent avec les voitures de la police censée protéger les coffres entiers de billets de banque. Les bandits se séparent ensuite, disparaissant dans la nature après avoir fait sauter les voitures de police pour effacer leurs traces… Le lendemain, le commissaire Paul Verne, de retour à Paris, passe voir son ami journaliste Gérard au siège de France Observateur. Celui-ci lui apprend qu’en 1961, le ministère de l’intérieur a créé une armée secrète composée de barbouzes pour combattre l’OAS. L’opération secrète est nommée Talion. 3 mois plus tard, l’opération est arrêtée car l’OAS, qui en était informée, a décimé les rangs des barbouzes. Gérard pense que ces hommes ont été sacrifiés pour permettre à d’autres missions secrètes d’être menées plus sereinement. Il promet à Verne de se renseigner sur des personnes qui, comme le père du commissaire, ont été torturées par les barbouzes. Quand Verne rentre au commissariat, son adjoint est furieux que l’enquête du braquage d’Orly ait été confiée à un commissaire incapable et suffisant, Weinberg.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Complexe, mais facile à suivre. Tristement dégueulasse, mais passionnante. L’histoire qui se noue et se dénoue autour de Paul Verne offre un éclairage imaginaire – mais plausible – sur la complexité des relations entre partisans et opposants de l’Algérie Française, le gouvernement, les officines et la pègre… Ils se retrouvent tous dans un entrelacs écœurant, dans lequel le loyal Paul Verne se débat : un nœud de vipères. Heureusement, il est épaulé par deux inspecteurs de qualité, et Berlier est un excellent second rôle. Ses méthodes sont efficaces, sa vie maritale avec bobonne un merveilleux conte de fées. Bref, il sent bon la France moyenne des années 60. Pour ne rien gâter, la relation avec Fiona, la jeune et belle veuve d’André, prend des allures de tendre complicité… La sortie des trois périodes en même temps (3e, 4e, 5e République) offre des passerelles, puisque les trois héros sont attaqués dans leurs vies privées. Paul Verne, qui vit seul, est moins impacté que les autres, mais c’est un tournant dans les séries : ça devient vraiment très personnel, ce qui complexifie les relations et les enquêtes. Excellent boulot de Philippe Richelle, donc. Le duo Ravard / Boccato est encore parfait, avec un dessin semi-réaliste de François Ravard qui est un vrai hommage aux BD des années 60, une grande variété de plans et une ligne claire minutieuse pour des backgrounds précis aux couleurs légèrement surannées. Le lecteur va devenir de plus en plus exigeant…
