L'histoire :
En 1937, le commissaire Peretti de la Criminelle vient d’aboutir ses investigations sur l’assassinat de Fabre, le rédacteur en chef de la Vérité. Le tueur a été arrêté et emprisonné, son mobile cerné. Cependant, l’enquête de Peretti lui a permis de mettre le doigt sur une toute autre affaire : le suicide suspect du Ministre de l’Intérieur Roger Allendrot, retrouvé mort dans un étang de la forêt de Fontainebleau. Car non seulement les 30 cm de profondeur de l’étang ne permettent pas à un homme, même très déterminé, de se noyer, mais en plus l’autopsie a été singulièrement bâclée. A la demande du procureur, le légiste n’a pas examiné le crâne, les marques aux poignets n’ont pas été notées, les recherches chimiques n’ont pas été lancées et le Ministre a été retrouvé sur le ventre alors que c’est son dos qui est marqué de coups. En raison d’une fuite en provenance du milieu carcéral, Peretti débute son enquête en infiltrant un de ses hommes, Perrier, dans les milieux d’extrême droite. Perrier se fait donc passer pour un rexiste belge qui se fait oublier en France, et parvient à se faire recruter en tant que livreur chez un dénommé Paillol, grossiste en papeterie et membre de l’Action Française. Il découvre peu à peu un groupe diablement bien organisé et motivé par une idéologie nauséabonde au possible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout en nous confiant aux méthodes affutées d’un héros commissaire de police, le premier tome avait permis de résoudre une enquête complète, minutieuse et habilement truffée de fausses pistes. En parallèle, se détachait alors une autre problématique, qui devient avec ce tome 2 le fil rouge de la série : le suicide suspect du Ministre de l’Intérieur Allendrot. Bien que l’action se déroule ici en 1937, sous la Troisième République tiraillée entre la tentation communiste et l’antisémitisme ambiant, nombre de lecteurs avisés auront reconnu dans ce suicide les spécificités de l’affaire Boulin (Ministre du Travail sous Giscard, donc sous la Cinquième République). Qu’importe si l’anachronisme sert d’inspiration : on reste curieux de découvrir comme Philippe Richelle va développer ce mystère, tout en sachant par le flash-forward du premier tome comment il se termine pour le héros. Notre flic opiniâtre porte donc ses efforts à trouver qui a « suicidé » ce serviteur de l’Etat et pour quelles raisons. Cette intention aboutit au cœur de l’intrigue de ce second volt : l’infiltration d’un collègue dans les milieux d’extrême droite de l’époque. Ce faisant, Richelle focalise sur l’intimité et les motivations d’un groupe fasciste, ce qui est loin d’être inintéressant. Cette entreprise se révèlera-t-elle une fausse piste ? Elle aboutira en tout cas à un suspens tangible et au démantèlement de la dangereuse filière. Décidément, Richelle sait y faire pour digresser, tourner autour du pot et néanmoins hameçonner son lecteur. N’oublions pas dans cette capacité à captiver, le dessinateur Pierre Wachs, collaborateur régulier du scénariste (Secrets bancaires, Opération Vent Printanier, Libre de Choisir) qui livre lui aussi une partition graphique de très bon niveau et une mise en scène impeccable.