L'histoire :
2981. Réveillés après une longue hibernation, Christopher, l’homme venu du XXe siècle et sa compagne prédestinée Valérie, se rendent maîtres des Trasses, des rats intelligents qui ont envahi le système solaire. Après un terrible affrontement dans L’Lombri, un ver géant, ils remportent la victoire sur leur redoutable ennemi, le Tapir, laissé pour mort. En chemin, ils perdent un ami, le Docteur Otomoro. Avec Mara, Valérie et Quinine, Chris revient sur Limavan. Il est accueilli en sauveur. C’est alors que Valérie meurt d’une maladie mystérieuse. Chris sombre dans la confusion et se console avec Quinine tandis que Mara se désole. Quinine rencontre l’oncle du Tapir, aussi fourbe que son neveu, qui lui apprend que Valérie est vivante. Dès lors, Chris est bien décidé à la retrouver. Mais, une envoyée du gouvernement central, le Docteur Rosemayor, ordonne son emprisonnement. Avec la complicité d’alliés inconnus, Chris s’évade. Pour retrouver Valérie, il utilise un relais spatio-temporel qui permet de franchir des distances cosmiques, par dématérialisation. Il est suivi par Mara et Rosemayor qui s'intéresse soudainement à Valérie. Mais qui donc manipule Chris dans l’ombre ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite à un différend avec son scénariste Jean-Claude Forest, Paul Gillon assure seul, à partir de ce 5e tome, le scénario et le dessin de cette référence en matière de BD de science-fiction. Tendre Chimère se présente donc comme un épisode de transition, au cours duquel on assiste à un formidable coup de théâtre : la mort de Valérie, que certains semblent ne pas croire. C’est le cas de Chris, qui part à sa recherche, alors qu’il a pourtant vu son corps sans vie. Le héros est plus que jamais torturé par des sentiments contradictoires envers trois femmes : Mara (la scientiste amoureuse de lui), Valérie (qui le déteste) et Quinine (une prostituée mutante). Quand il se décide pour l'une, il éprouve du remords vis-à-vis des autres. L’auteur accorde toujours beaucoup d’importance aux caractères des personnages et aux dialogues. Pour l'époque (l’édition originale est parue en 1977), ce souci d'approfondir la psychologie des acteurs est assez rare et même exemplaire. Comme chez Jacobs, les dialogues abondants ne sont jamais gratuits. On note l’apparition de personnages nouveaux, comme l’oncle du Tapir. Pour pouvoir animer une course-poursuite dans l’espace-temps, Gillon fait preuve d’ingéniosité en inventant un transmetteur de matière. Graphiquement, les sauts dans l’espace sont de toute beauté, tandis que ses femmes ont une plastique irréprochable. Son sens du découpage et son trait élégant semblent innés. Par ses prouesses graphiques, Gillon influencera ainsi toute une génération de dessinateurs. Une poursuite dans l’espace-temps qui ne manque pas de rebondissements et qui laisse le lecteur muet d’admiration…
