L'histoire :
La révolution islamique est en marche en Azerbaïdjan. Après avoir fait sauter les plates-formes pétrolières au large de Bakou, en mer Caspienne, les rebelles diffusent à présent en boucle leurs messages de propagande sur tous les médias du pays. Un autre groupe commando est en planque juste à côté de la résidence du Président de la République, un ancien oligarque corrompu jusqu’à la moelle. Ils attendent que passent les limousines des ministres et généraux pour un conseil de sécurité exceptionnel et les pulvérisent au lance-rocket. Le président sent alors que les choses sont désormais irrécupérables et il décide de fuir. Mais il doit renoncer, sous la menace d’Aliev, son directeur de la sécurité intérieure, qui lui conseille vivement de mener une contre-offensive militaire. Ce dernier exhorte même le colonel en poste à mater la rébellion, quitte à faire des milliers de victimes parmi la population civile. En fait, Aliev est de mèche avec Gunther, un barbouze spécialisé dans les coups d’états. Avec l’appui de capitaux arabes, ce salopard monte les deux partis l’un contre l’autre et profite du chaos qui en résulte pour faire un monumental braquage de banque. Pendant ce temps, coincé au beau milieu de ce tumulte politique, Youri, inspecteur de l’AIEA, est forcé de se joindre à une troupe de rebelles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le toujours-très-prolifique Jean-Yves Delitte poursuit son petit bonhomme de révolution fictive en république d’Azerbaïdjan. « Fictive » certes, mais néanmoins très réaliste et crédible (la Georgie n’est pas très loin, au regard des récents évènements…). Les leviers économiques se lèvent en effet aisément dans un tel état corrompu, où les apparatchiks collectionnent les dérives mafieuses. D’un point de vue géopolitique, c’est un schéma classique : un putsch faussement islamique pour prétexte ; un marché pétrolier réellement juteux pour conséquence. Tout ceci pourrait être extrêmement palpitant, s’il n’y avait toujours cette distanciation avec les personnages auxquels il est impossible de s’identifier. Deux raisons à cela : le traitement graphique inexpressif de leurs faciès et les aspects abjects de leurs caractères. Au milieu de la pagaille, notre inoffensif Youri Wladimir, véritable fil rouge de la série, se trouve comme un chien dans un jeu de quilles. Il subit les évènements, encore moins héros que jamais. Les autres personnages, tous secondaires, révèlent un peu plus leurs personnalités ignobles. Gunther, qui tire les ficelles dans l’ombre des émirats arabes, est même sacré empereur des salopards : il profite du chaos qu’il a lui-même engendré pour faire le braquage du siècle. Les saynètes s’alternent ainsi dans une sorte de composition fatale, sans rédemption aucune, mais de magnifiques décors. Car si les personnages ont souvent la même tête, Delitte ne ménage pas ses crayons sur tout le reste, précis, majestueux, de très haut vol. Tout comme le tome 2, ce tome 4 semble clore un cycle, en queue de poisson…