L'histoire :
Un soir en Flandres, sous le règne du roi Philippe. Griet, une paysanne qui n’a plus toute sa tête, voit dans le passage d’une orfraie blanche, le retour de son amour, Hugo. Au même moment, un inconnu vient apporter 700 carolus à Renaet Devos. Cette véritable petite fortune vient de la part de son frère Jan, pour soutenir les bonnes gens qui vivent dans la vertu de Luther. Cependant, dans l’ombre, un espion assiste à la scène. Dès le lendemain, la sainte inquisition vient arrêter le brave Renaet, considéré comme hérétique à l’encontre de la foi chrétienne. Torturé, Renaet préfère mourir plutôt que de renier ses croyances et d’avouer la cache de l’argent. Dès le lendemain, il est brûlé et sa femme pendue sur la place publique, sous les yeux de leur fils Toone. Ce dernier apprend alors que les carolus qu’il avait confiés à son amie Tinneke, ont été donnés à un inconnu profitant de la démence de sa mère Griet… En rage, Toone décide de venger la mort de ses parents, et d’y consacrer le temps qu’il faudra. Les saisons passent. Alors qu’un épais manteau neigeux recouvre les Flandres, Aymar de Bois-Maury trouve chez Tinneke et Griet une halte providentielle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Plutôt que de recourir à la reconstitution historique pour illustrer une aventure moyenâgeuse de la famille de Bois-Maury, Hermann et Yves Huppen ont cette fois décidé de construire un récit éclairant une toile de Pierre Bruegel, Dulle Griet ou Margot la folle (huile sur bois de 1562, exposée à Anvers). Pour bien comprendre le sujet, une courte description de cette peinture, proche du style tourmenté à la Jérôme Bosch, s’impose. Au milieu du tableau aux tonalités sanguines, on voit une femme en cuirasse se diriger avec un regard halluciné vers l’entrée des enfers, tandis que se déroulent de multiples combats fantastiques contre des démons. Exercice délicat que de s’approprier cette représentation dantesque ! Cela n’effraie pas le duo familial (le scénariste est le fils du dessinateur), qui parvient à rendre ce 13e opus à peu près cohérent. Au menu du contexte, on retrouve également les exactions de la « sainte » Inquisition à l’encontre des hérétiques luthériens. Evidemment, le scénario paraîtra un peu hermétique et largement fantasmagorique à ceux qui n’auront pas lu l’explication d’intention. De même, la présence d’Aymar de Bois-Maury n’est pas prioritaire dans le récit et surtout sont rôle y est très flou. De là à le faire mourir une seconde fois… Vous l’aurez compris, nous quittons le domaine du cartésien pour ne retenir que l’ambiance insolite propre à la série. Les planches en couleurs directes sont une nouvelle fois l’atout incontournable de cet épisode en one-shot. Sous ce style éblouissant, on entendrait presque l’amortissement des bruits étouffé par la neige, le silence angoissant et l’hululement de la Dame blanche. L’album se place donc dans le haut du pavé de la collection Vécu, même s’il n’est sans doute pas le meilleur de la série. A noter pour les collectionneurs : un hors série revenant sur les Itinéraires de Bois-Maury est offert avec la première édition.