L'histoire :
Paris est occupé par les troupes allemandes. Les difficultés d'approvisionnement commencent à se faire sentir et le rationnement a été mis en place. Mais Frankie compte bien se débrouiller pour que sa petite sœur ne se sente pas en danger. Il se balade parmi la foule sur les marchés et déploie des talents de pickpocket qui lui fournissent suffisamment l'argent liquide pour contourner les restrictions. Mais un jour, il se fait prendre la main dans le sac par la police, et se retrouve dans le bureau d'un certain commissaire Klébert qui lui met en main un marché. Il pourra éviter la prison s'il s'infiltre dans le groupe de jeunes gens que sa fille a commencé à fréquenter, et que le policier trouve louche. Il devra lui donner des informations sur leurs activités, sans se faire repérer, évidemment. Il a le style vestimentaire qui convient, vêtements amples, cheveux trop longs, le premier jour de sa filature, il va entrer en contact avec un mouvement dont il ignorait complètement l'existence. Les « Zazous » sont des jeunes gens au style vestimentaire anticonformiste, aux coupes de cheveux provocantes. En ce début d'année 1940, ils résistent à leur manière en organisant des fêtes et des soirées de danse autour de la musique américaine. Il va très vite se faire adopter, et plonger lui-même dans le mouvement, quitte à oublier un peu sa mission première. Mais l'innocence et la naïveté ne vont pas durer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a du mal à croire à la réalité historique de ce mouvement de jeunesse des années quarante, réellement précurseur dans son attitude provocante et insouciante. Comment penser qu'au début de l'occupation, on pouvait organiser des soirées et danser en s'habillant de manière outrancière et élégante à la fois ? Pourtant, les zazous ont bel et bien existé, même si, après la guerre, il n'est plus resté d'eux que le nom de leur mouvement. Passé le moment de surprise et grâce à l'incursion de la dure réalité de la guerre dans la vie du groupe, on découvre une aventure qui s'annonce assez classique, avec probablement à venir des actes d'héroïsme par ces amateurs de jazz américain. Le dessinateur Danide marque cet album de son style extrêmement fluide, les vêtements amples de ses personnages bougent en permanence et son utilisation du noir appuie un classicisme dans la forme qui rappelle les artistes américains des années soixante. Certaines cases de balade en ville sont de véritables hommages à Will Eisner. On sent que Danide s'amuse avec les codes et qu'il a beaucoup admiré ses prédécesseurs. C'est un peu surjoué parfois, mais avec une insolence qui correspond tout à fait aux héros de cette histoire. Prévue en trois tomes, l'aventure débute à peine, le décor et les protagonistes sont installés et le premier évènement dramatique s'est produit. A suivre donc, en écoutant du Cab Calloway !