L'histoire :
« Tu es sûre que ça ne risque rien ? » lui demande-t-il. « T’inquiète, en 20 ans de carrière sexuelle, je ne suis jamais tombée enceinte », lui répond-elle… Sauf qu’il suffit d’une fois pour qu'une petite vie bascule dans un grand n’importe quoi qui s’appelle la grossesse, territoire privé de repères pour celles dont c’est la première fois. Au programme : déprime, fatigue, petites contrariétés liées au poids ou arrangements avec le quotidien... sans parler des seins, dont les formes revisitent le bréviaire des fruits et légumes... Qui a osé affirmer que les femmes s’épanouissaient dans la maternité ? Cette période ressemble davantage à un calvaire pour femme abandonnée à son corps, entre mélancolie mammaire, conversations utérines et dommages collatéraux. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la période prénatale sans jamais oser le demander. Attention, sueurs froides assurées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tome 4 de Mademoiselle à l’humour pétaradant, Eva Rollin s’amuse à déconstruire le mythe de la femme enceinte épanouie. Davantage un chemin de croix qu’un vecteur de plénitude et de bonheur, la grossesse ressemble à une douloureuse épreuve que l’auteure a préféré exorciser en s’attardant notamment sur les subtilités de la « bobologie » prénatale : la grossesse est surtout source d’angoisse, de fatigue et d’interrogations, voire de complexes (voir les séquences sur la forme évolutive des seins, sans oublier le test du crayon). Jouant la carte de l’humour potache sur un rythme effréné, l’auteure déroule ce qui ressemble à une expérience réellement vécue, presque traumatisante. A vrai dire, on s’ennuie pas mal tant la machine narrative tourne en rond, le comique de répétition y étant pour beaucoup. Si l’on sourit de temps à autre du dessin volontairement caricatural, simple et efficace, qui fait varier les expressions faciales et les formes des corps, mais aussi des gags qui sentent le vécu, l’ensemble finit tout de même par assommer par le côté répétitif de son ressort principal, l’humour. Si la BD ne manque jamais de rythme ou de sincérité, le ton excessif, en revanche, confine presque à l’hystérie parfois, ce qui pourra agacer. Au final, le lecteur aura compris le message : il s’agit de dédramatiser cette période charnière qui peut ressembler à un véritable calvaire pour certaines femmes. Et fustiger au passage les discours enjoliveurs ou infantilisant, voire les comportements bobos. Au-delà d’un public féminin bien ciblé, on ne voit pas trop qui cette BD pourrait intéresser. Finalement peu emballant et trop prévisible.