L'histoire :
Le secrétaire du directeur des éditions Couicoui dérange son patron dans son bureau, en urgence. En effet, il vient de parcourir le dernier ouvrage de Pin-Pin le lapin, un succès pour les enfants, que leur maison vient de sortir en librairie… or dès la première histoire, Pin-Pin débite des obscénités ! C’est une catastrophe : personne n’a relu l’ouvrage avant sa publication. C’en est fichu de la bonne réputation des éditions Couicoui. D’ailleurs, un policier attend déjà le directeur à l’accueil. Désespéré, le directeur perd son sang-froid et tente de fuir avec son secrétaire par l’escalier de secours. Pour traverser l’accueil, il assomme le policier avec un pot de fleur. Mais les collègues policiers sont là, qui répliquent avec leurs flingues. Une fusillade éclate et c’est le directeur s’en sort, avec un farouche désir de vengeance contre l’auteur de Pin-Pin. Pendant ce temps, ce dernier comprend au cours d’une séance de psychothérapie que si ses horreurs ont été publiées, c’est qu’elles plaisent. Alors il décide de faire un recueil d’illustrations totalement dédiées au politiquement incorrect…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Allez, pour une fois, on vous recopie wikipedia sur le terme « humour noir », car c’est ce qui décrit assurément le mieux l’inspiration de Jonathan Munoz à l’origine de ce recueil d’illustrations morbides, trash, sanglantes et cruelles. « L’humour noir est une forme d’humour qui souligne avec cruauté, amertume et parfois désespoir l’absurdité du monde, face à laquelle il constitue quelquefois une forme de défense ». En guise de modèle absolue, Franquin s’y était adonné dans ses périodes dépressives avec ses Idées noires. Munoz se situe dans une veine très proche avec ce petit bouquin judicieusement édité au sein de la nouvelle collection Glénaaarg!. Le jeune auteur ne fait cependant pas dans l’ombre chinoise et les kilolitres d’encre noire, mais dans le crayonné détaillé et chiadé, comme pour accentuer la normalité des scènes sordides et vachardes. La succession de différents dessins horribles, majoritairement en noir et blanc (mais pas que) se dévoilent en page de droite, et ils ont une légende subtilement tournée en page de gauche, avec une écriture de classe primaire pour provoquer le décalage. Une historiette en BD sert de fil rouge (voir résumé), qui revient régulièrement entre des séries d’illustrations. Elle sert de prétexte et réunit l’ensemble en une vocation artistique cohérente. Munoz ne se retient pas d’aller au bout de son enfantillage féroce et sans pitié et c’est la plupart du temps jouissif de cruauté et néanmoins très lucide sur la condition humaine. Encore, Jonathan, fais-nous mal !