L'histoire :
Max Fridman est de retour sur le front. Prenant ses précautions, il gagne une position arasée d’où son supérieur, le major Metter, observe les positions ennemies. La guerre est perdue pour la République et elle a fait tant de morts comme son ami le major Guido Treves… Noooon ! En sueur, Max s’éveille brusquement de ce noir cauchemar. On frappe à la porte. Des policiers de la Seguridad entrent et commencent une fouille en règle de la chambre d’hôtel. Le colonel Lopez les accompagne. Lui aussi s’inquiète du major Treves. Mais pas pour les mêmes raisons. Le major n’est pas rentré de permission. Il est suspect de désertion. Ridicule, pense de suite son ami genevois, mais lui non plus n’a pas la moindre idée de là où se terre ce maudit idéaliste. Une chose est sûre cependant : le voilà transformé en appât ! Filé par la Seguridad, Max est plus que jamais sous contrôle. Ou plutôt sous surveillance car personne ne dicte sa conduite à Max Fridman. Et encore plus lorsque le sort d’un mai en dépend ! Après une visite au siège barcelonais du mouvement antifasciste italien, il apparaît probable que le major soit détenu par les communistes. Ces derniers ont peu à peu pris l’ascendant sur le mouvement républicain espagnol et, preuve que la piste est bonne, des agents en civil ouvrent le feu dans la rue sur Fridman et son compagnon Eddie Cork…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série s’étendant depuis maintenant plus de 20 ans – le personnage de Max Fridman est né en 1982 avec Rhapsodie hongroise – il est commode de trouver en préface une présentation, brève mais efficace, des principaux protagonistes de l’intrigue en cours. L’aventure débutée en 1999 avec No Pasaran puis continuée en 2002 avec Rio de Sangre trouve ici une juste conclusion, judicieusement intitulée Sin ilusion… Giardino est un maître en bande dessinée et, même si son dessin a quelque peu vieilli avec lui (un rien terne et rétro au regard des standards d’aujourd’hui), sa maîtrise impeccable de la narration n’a elle pas pris une ride. Quand bien même on aurait oublié et/ou méconnu les développements passées, on entre dans cette aventure comme un chameau ne le pourrait par le trou d’une aiguille : comprenez comme dans du beurre ! Un vrai plaisir ! Le film de l’enquête – puisqu’il s’agit de la recherche d’un porté disparu – déroule sans accroc aucun, de page en page, sans qu’il est besoin de s’attarder nulle part ni d’esquisser le moindre effort. Si Max Fridman partage un côté classique et romanesque avec un Mortimer par exemple (la barbe et la pipe au moins…), il nous épargne lui de trop longues répliques et bulles explicatives. L’excellence du découpage et la qualité du trait offrent une lecture d’une limpidité biblique. Un vrai plaisir, répétons-nous, une vraie leçon de bande dessinée. On regrettera seulement que le Suisse n’ait pas abandonné sa neutralité pour les beaux yeux de Claire – l’éclaircie d’un album « résigné ». Jusqu’au dernier mot pourtant vous apprécierez la beauté classique de ce récit, soigneusement publié dans le format « à Caractère » des éditions Glénat. Jusqu’au dernier mot : Rideau !