L'histoire :
Tout a débuté il y a un mois de cela. Auparavant, tous les soirs, elle échangeait avec son copain. Puis au fur et à mesure des jours, il ne répondait plus ni à ses appels, ni à ses messages. Jusqu’au moment où il a coupé totalement le contact. Mayada a demandé à une copine de lui téléphoner et il a répondu de suite. « Le batard ! ». Pour savoir ce qu’il en est, elle suit ses potes sur les réseaux sociaux où elle le voit avec d’autres filles. Ni une, ni deux, elle veut attirer son attention, puisqu’il suit encore ses stories. Elle poste une photo d’elle très retouchée, ce qui a de quoi surprendre sa grande sœur. Il y a un objectif très concret derrière cela : devenir influenceuse. D’ailleurs, dès le lendemain, elle s’y met sérieusement. Déjà, il faut THE appareil photo. Mais elle n’a pas le budget nécessaire. Les beaux filtres pour trafiquer les images sont payants. Et maintenant, son bronzage est parti. Qu’importe, elle se dirige vers des partenaires pour avoir des followers. Après une ceinture amincissante qui crame, une crème qui fait des boutons, un hôtel insalubre… elle ne veut pas renoncer au succès qui l’attend. L’échec, ce n’est pas pour elle. De stories en selfies, tout est bon à raconter, même s’il faut payer pour être en compagnie d’un influenceur, Et ça réussit, puisqu’elle va passer à la télévision. Tout a une fin, car le Coronavirus passe avec son confinement strict. Du moins, c’est une cause qui peut expliquer quelques oublis. Comme éteindre sa caméra quand on est médisante...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les réseaux sociaux, Mayada et Maïssa connaissent assez bien. Depuis 2009, elles partagent leurs dessins sur Internet. Dans ce premier album de leurs aventures, les deux sœurs racontent l’influence des réseaux sociaux chez de nombreuses jeunes femmes, principalement. Le besoin de mettre en scène sa vie, de retoucher parfois à l’extrême son corps et de s’inventer un quotidien demande beaucoup d’énergie et d’imagination. Pour quel résultat ? Tromper les gens et mettre en avant une personne qu'elles ne sont pas vraiment. Mais on se sent valorisé d’avoir des likes et d’être suivi et aimé. Toutefois, qui les aime ? Quelle est la valeur de cette affection ? Les ouvrages de sociologie et de psychologie ne manquent pas sur cette thématique très moderne. Néanmoins, l’avantage d’un support BD la rend plus accessible à chacun. Et une histoire avec des filles a tendance à toucher un public féminin plus friand et addict de cette mise en avant. De nombreuses références sont véridiques pour mieux faire croire à la probabilité du récit. Tout n’est pas qu’illusion, car les demoiselles ont déjà plus de 400 000 abonnées sur les réseaux. Elles dénoncent tout en étant soumises à l’appréciation d’inconnus. Pour vivre de son art, il faut se faire connaître. Un paradoxe assez drôle qui prouve qu’elles parlent en connaissance de cause. Aucun doute que leur légèreté et leur humour séduiront plus d’une lectrice et qu’elles vont avoir de nouvelles followers.