L'histoire :
De nos jours, un avion de ligne MD-11 de la compagnie charter Panax, bourré de passagers évanouis, survole la jungle colombienne en piquant du nez. Dans l’allée centrale, le copilote se relève d’un étourdissement éphémère et court aussi vite qu’il le peut en direction du cockpit, espérant pouvoir redresser le manche à balais. Mais c’est trop tard : l’appareil se crashe en un brasier infernal. Peu de temps après, le premier hélico des autorités est sur zone. Les sauveteurs constatent l’horreur et sont surpris de voir un survivant, certes mal en point, émerger des décombres : le copilote, Azad Mikoyan. Quatre autres rescapés sont également hospitalisés à Bogota, dans des états critiques. Une fois remis sur pied, le témoignage de Mikoyan pour comprendre les causes de l’accident va être capital : les boîtes noires de l’appareil ont disparu. Et pour cause : les satellites américains ont repéré l’activité suspecte d’un commando juste après le crash, comme si des narcotrafiquants avaient providentiellement pillé l’épave. Devant le manque de réponses apportées par une enquête qui piétine, les médias se font accusateurs. On parle de faute humaine et Mikoyan est logiquement en première ligne. Lui-même traumatisé par l’accident, il défend pourtant bec et ongles le pilote décédé, un vétéran de l’aviation civile à la carrière irréprochable, proche de la retraite et, de surcroit, père de son ex-petit amie. Lui sait que leur appareil était ce qu’on appel un « avion poubelle » appartenant à la peu scrupuleuse Panax. Mais ce qui complique vraiment les choses, c’est que le PDG est justement mort dans ce crash…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici venu un nouveau genre en BD, relativement original et intéressant : le docu-fiction catastrophe ! Ce premier tome cumule en effet quelques vertus qui méritent qu’on s’y intéresse vraiment. Tout d’abord, le récit se montre efficace quand à son intrigue : un crash d’avion spectaculaire, un survivant en accusation, une enquête qui soulève des faits louches… Les causes de l’accident aérien dépassent visiblement l’ordinaire de la coïncidence matérielle (la piste mafieuse ?) sans en être non plus totalement étrangère (les avions poubelle en accusation). Le scénario est dense, enlevé, correctement rythmé et dépasse le simple cadre de l’exposition, pour déjà creuser plus loin. Car en plus de livrer une enquête piquante et solide, ce premier tome introduit les protagonistes en profondeur, se révèle surtout parfaitement documenté en matière de sécurité aérienne et d’aviation civile, et donc tout à fait didactique. Enfin, les encrages réalistes sont de fort belle facture, chiadés du début à la fin, quoique manquant juste d’un chouya de caractère. Seul aux commandes de l’aventure, Youssef Daoudi était jusqu’alors connu pour avoir dessiné la Trilogie noire (adapté de Léo Mallet) aux côtés de Philippe Bonifay. Il fait donc sensiblement évoluer son registre, passant profitablement du polar noir au thriller aérien. Il semble avoir parfaitement digéré la matière première de son sujet, afin d’en calculer ensuite un plan de vol exemplaire. Embarquement immédiat pour un « épisode pilote » prometteur…