L'histoire :
A Copenhague, en 1905, Nathan est une jeune femme dont la famille est juive. Sa mère veut lui faire un mariage « de qualité » et qu’elle aille plus souvent à la synagogue. Nathan, furieuse contre sa mère qui l’oppresse, part précipitamment pour rentrer chez elle. Par défi, elle refuse d’écouter ses conseils d’éviter le ghetto. Mais elle se retrouve bientôt dans des rues malfamées, crasseuses et dangereuses, peuplées d’hommes saouls et de filles de mauvaise vie. Alors qu’elle prend peur et s’enfuit en courant, elle se sent suivie. Elle se cache dans une armoire au fond d’une ruelle. Un énorme couteau de boucher transperce la palissade et vient lui entailler la main. Mais ce couteau est passé au travers d’une jeune femme, sauvagement assassinée, dont le corps a disparu lorsqu’elle sort, aidée par un jeune garçon apeuré qui l’accompagne vers la sortie du ghetto. Le lendemain, à la brigade de police, et alors qu’elle n’est que secrétaire, elle est chargée par son chef d’aller à l’hôpital pour assister à une autopsie. Elle s’aperçoit que c’est la jeune femme au meurtre de laquelle elle a assisté qui est autopsiée. Choquée, elle rentre au commissariat où son chef lui demande d’aller enquêter dans le ghetto.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ahhhh les thrillers scandinaves ! En roman comme en BD, ils glacent le sang. Dès le début de l’album, Benni Bodker nous met aux prises avec un « juste », un être à mi-chemin entre le débile profond et le sage, une sorte de pythie que les paysans juifs viennent voir pour entendre l’avenir. L’ambiance est inquiétante, les illustrations apocalyptiques… L’enquête va bien sûr faire le lien avec ces justes et leur place dans les croyances juives. Mais il s’agit bien d’un tueur en série qu’on va suivre, un monstre sanguinaire qui suit un but terrible. Le scénario et l’enquête sont bien menés, mais c’est l’héroïne qui est intéressante. La jeune femme se débat en permanence, contre sa famille, son origine cultuelle, contre les préjugés au travail, contre une hiérarchie pas toujours très propre, et bien entendu contre un tueur terrible. Et bien entendu, c’est une femme, au début du siècle précédent, qui est confrontée à un monde dans lequel les hommes fixent les règles et les transgressent à leur bon vouloir. Le scénario est très bien écrit, mais le séquençage laisse tout de même de la latitude à Christian Hojgaard de réaliser de belles planches et surtout de régaler (ou terroriser) le lecteur avec ses noirs beaux et inquiétants… Ce one shot est une belle réussite qui, malgré la complexité de certains concepts et la relative évidence dans l’identité du méchant, reste plutôt agréable à lire.
