L'histoire :
Emmett n'a plus vraiment la maitrise de son destin. Son fils a disparu, probablement prisonnier d'Angel, le boss du cartel mexicain. Le flic de la police des frontières a passé un accord avec Angel : il va exécuter pour lui une de ses victimes désignées et obtenir la liberté de son fils. Mais cette première mission remplie, Emmett réalise qu'il est pris au piège. Le criminel qui le tient par le chantage veut lui faire exécuter une nouvelle mission, promettant qu'il obtiendra également le non-lieu dans tous les procès qui attendent le policier meurtrier et son fils à leur retour sur le sol américain. La rencontre de Lucia va être l'élément déclencheur d'un retournement dans l'esprit du père désespéré. La jeune femme, virtuellement prisonnière d'Angel, dont elle élève un fils, rêve de voir son enfant échapper au sombre avenir qui lui est promis au sein du cartel de la drogue. Touché par son sort et par le jeune gamin qui s'est pris d'affection pour lui, Emmett décide de changer de stratégie. L'affrontement final se prépare, qui va dévoiler des enjeux d'une incroyable complexité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autant le dire sans détour, Mexicana ne restera pas dans les annales comme le meilleur projet de Matz, ici avec Mars, un scénariste américain. Le créateur du Tueur a conçu pour ce triptyque une intrigue intéressante autour d'un flic qui doit se salir les mains pour sauver son fils de l'emprise d'un cartel de la drogue. Les choix difficiles du père sont le ressort principal de cette histoire, mais on sent que sous bien des aspects, l'investissement n'est pas total. Les dialogues, dans leur manque de profondeur, sont ce qui surprend le plus de la part d'un scénariste aguerri qui sait manier l'humour ou le cynisme le plus contemporain. Beaucoup de bons sentiments entre Emmett et Lucia ce qui, malgré une belle clôture scénaristique, rend cet album plutôt décevant. Il reste toutefois le grand plaisir que nous avons eu à retrouver Gilles Mezzomo, le dessinateur de Luka et d'Ethan Ringler. Son style classique mais reconnaissable déborde d'énergie dans de grandes cases, parfois dépouillées mais percutantes. Il rend service à cette histoire très cinématographique, en injectant toute sa passion dans les postures, les visages tendus, ou les paysages semi-désertiques, très bien servis par les couleurs de Delphine Labriet au lever de soleil des pages 28 et 29. Il reste quand même un divertissement de belle facture, globalement bien construit et qui se lit d'une traite, pour amateurs de polars percutants à l'américaine.
