L'histoire :
La gamine qui marche dans les rues de Ciney en Belgique, cet après-midi de 2003, ne devra la vie sauve qu'à son formidable courage lorsqu'elle réussit à s'échapper de la camionnette de Michel Fourniret, en pleine campagne. Le conducteur du véhicule avait réussit à la faire monter à bord en lui expliquant qu'il fallait rendre service aux gens, et qu'elle devait lui montrer le chemin. Très vite, il lui explique ce qu'il va lui faire subir, alors la jeune fille ligotée à l'arrière du véhicule cesse de réciter des prières, réussit à se libérer, et saute. En alertant une femme qui passait en voiture, elle va conduire à l'arrestation du monstre. Plusieurs années plus tard, alors que le parloir de la maison d'arrêt d'Ensisheim est plein, c'est au milieu de la cour qu'Étienne Jallieu va s'asseoir en face de Michel Fourniret, pour un long dialogue qui n'a pu avoir lieu que parce que le visiteur avait auparavant rencontré Monique Ollivier. L'ex femme du tueur a été sa complice, mais probablement bien davantage. Cette femme dont l'intelligence est au moins égale à celle de son mari a exercé sur lui un contrôle qu'il refuse d'admettre. Jallieu en joue et provoque Fourniret pour tenter de comprendre l'incompréhensible. Dans un échange tendu, le criminologue provoque des réactions violentes. Et replonge dans l'horreur absolue qui a conduit un homme à commettre les pires actes, dans la recherche démente d'un absolu destructeur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Absolument détestable, intelligent et dément à la fois, c'est ce qui reste à l'esprit après ce portrait d'un des plus terrifiants tueurs en série de ces dernières années. Sur près de quinze pages en forme d'ouverture, une des agressions commises en Belgique est racontée, un terrifiant et froid déroulement qui nous met face immédiatement aux aspects les plus monstrueux de la personnalité de Fourniret. L'auteur Jean-David Morvan choisit très intelligemment cette tentative de viol et de meurtre qui va échouer, et qui signera la fin de la sinistre carrière du monstre. La conversation avec Jallieu est une parfaite manière de plonger dans le cerveau fou du criminel, en évoquant, sans réellement les décrire, les moments où le tueur violeur organise et exécute ses plans. La violence est présente dans les mots qu'il emploie, et dans ce calme glaçant dont il semble toujours faire preuve. L'équipe de dessinateurs réussit à créer un personnage incroyablement réel et effrayant, une sorte d'épure des photos du tueur que l'on a pu voir dans les medias. Un très bon travail de mise en scène, techniquement très précis, sans aucune emphase inutile. On ressort de cette lecture terrifiés par la possible noirceur de l'âme humaine, en ayant appris beaucoup des auteurs qui se sont spécialisés dans l'étude des Serial killers. La postface du livre est d'ailleurs très bien faite, qui remet en séquence ce que nous venons de découvrir à travers ce dialogue impressionnant. Et nous rappelle que tout cela a réellement existé !